Lunettes à 3 euros : que vaut la marque Blacksheep récemment arrivée en France ?
Prix cassés et concept minimaliste : la marque Blacksheep s'est installée dans la célèbre rue de Rivoli. D'où viennent ces lunettes ? Est-ce de la qualité ? Ce qu'il faut savoir.
Des montures à moins de 5 euros, des verres correcteurs à prix plancher et une promesse assumée : vendre des lunettes au plus près de leur coût de fabrication. Depuis son arrivée à Paris, début décembre, la marque Blacksheep suscite curiosité et interrogations. Derrière l'effet d'annonce, que sait-on réellement de cette nouvelle enseigne qui bouscule le marché de l'optique ?
Contrairement à l'image d'une start-up surgi de nulle part, Blacksheep est portée par un entrepreneur déjà bien connu du secteur. La marque a été fondée par Pierre Wizman, à l'origine de Polette, acteur installé de l'optique en ligne en Europe. Avec Blacksheep, il pousse plus loin encore la logique du low-cost, en revendiquant une rupture nette avec le modèle classique des opticiens. Cette stratégie a pris une dimension très visible avec l'ouverture d'un espace physique temporaire au 91 rue de Rivoli, à Paris. Une adresse emblématique, au cœur d'un quartier commerçant et touristique, qui marque la volonté de la marque de s'adresser directement au grand public.
"Je ne cherche pas à me faire des amis"
Si les prix affichés frappent les esprits, leur explication tient à un modèle économique sans détour. D'abord, la production est réalisée en Chine, un choix pleinement assumé par la marque. Un mode de fabrication courant dans l'industrie de l'optique mondiale, y compris pour des produits vendus beaucoup plus cher. Ensuite, Blacksheep mise sur des volumes importants et une offre volontairement restreinte. Peu de modèles, peu de variations, une fabrication en grande série : cette standardisation permet de réduire les coûts à chaque étape. Mais l'essentiel se joue ailleurs. Là où les opticiens traditionnels intègrent dans leurs prix le conseil, les ajustements en magasin et le suivi dans le temps, Blacksheep fait le choix de s'en passer largement. Le modèle repose sur une réduction importante des services, pour se concentrer sur le produit lui-même. En clair, le consommateur paie avant tout la paire de lunettes, pas l'accompagnement. "Je ne cherche pas à me faire des amis mais je cherche à rétablir la vérité sur un marché qui manque de transparence", a déclaré Pierre Wizman sur RTL le 2 décembre.
Cette approche minimaliste soulève naturellement la question de la qualité. Les retours disponibles dessinent un tableau contrasté. Pour des corrections simples ou un usage ponctuel, certains utilisateurs se disent satisfaits : les montures sont jugées correctes visuellement et la promesse de prix est tenue. En revanche, dès que la correction devient plus complexe, le confort peut varier. L'ajustement, le centrage et l'adaptation jouent alors un rôle déterminant dans le port au quotidien. Des éléments qui, dans un modèle aussi épuré, sont nécessairement réduits. Plus les besoins sont précis, plus ces limites peuvent se faire sentir.
À la lecture de ces éléments, Blacksheep semble s'adresser à un public bien identifié : ceux qui cherchent avant tout un prix très bas, une solution rapide ou une paire d'appoint. Pour ces usages ciblés, l'offre peut représenter une alternative accessible.
Pour un port quotidien prolongé ou des besoins spécifiques, le choix d'une paire de lunettes repose en revanche sur d'autres critères, comme le confort et l'ajustement, qui restent centraux pour de nombreux consommateurs. Au-delà du cas Blacksheep, cette arrivée sur le marché français illustre une évolution plus large des habitudes de consommation. Comme dans d'autres secteurs, l'optique voit émerger des offres ultra-accessibles, qui misent sur la transparence des coûts et la réduction des services pour faire baisser les prix.
Blacksheep ne prétend pas remplacer les opticiens traditionnels, mais propose une autre façon d'acheter des lunettes : plus directe, plus économique, et laissant au consommateur une plus grande part de responsabilité dans son choix. Un modèle qui séduit autant qu'il interroge, et qui remet, quoi qu'il en soit, le prix des lunettes au centre du débat.