Scandale du saumon de Norvège : des poissons malades vendus comme "qualité supérieure"
Des images montrant des saumons blessés ou abîmés destinés à l'exportation sèment l'inquiétude...
A quelques semaines de Noël, la révélation tombe plutôt mal. Des journalistes de la télévision publique norvégienne NRK affirment avoir découvert, dans certains élevages, des saumons présentant des plaies, des taches sombres et des lésions cutanées visibles. Ces poissons n'auraient jamais dû quitter la Norvège : ils font partie de lots "déclassés", normalement exclus de la vente.
Le problème, selon l'enquête, est que certains d'entre eux auraient été envoyés vers plusieurs pays européens - dont la France - sous l'étiquette "qualité supérieure", impossible à distinguer pour les distributeurs comme pour les acheteurs. Le saumon est l'espèce de poisson d'élevage la plus consommée dans l'Union européenne. La Norvège, premier producteur mondial de saumon d'élevage, est son principal fournisseur. 70% du saumon d'élevagé de Norvège part en Europe. La Pologne et la France en sont les plus grands pays importateurs.
Les autorités norvégiennes reconnaissent des "manquements graves" dans le tri : "Notre évaluation est que toutes les photos montrent des poissons présentant des défauts qui les rendent impropres à la consommation humaine" écrivent les experts de l'inspection à NRK. "Le saumon blessé est bon marché à l'achat et peut être revendu à bon prix. Par conséquent, la différence entre l'achat et la vente est plus importante que pour le saumon de qualité supérieure – et le profit est plus élevé" argumentent les journalistes. Une affaire qui embarrasse la Norvège, dont la réputation repose précisément sur la rigueur de ses contrôles sanitaires.
Aucun rappel de produits n'a été déclenché en France et aucune communication n'a été faite par les autorités sanitaires françaises pour l'instant. Les spécialistes rappellent qu'un poisson présentant une lésion externe n'est pas automatiquement dangereux pour la santé. Mais ces défauts ne devraient jamais se retrouver dans des produits vendus comme irréprochables, surtout lorsqu'ils sont consommés crus ou peu cuits, comme dans les sushis, les tartares ou les poke bowls. Ce scandale soulève une question fondamentale de transparence : comment garantir que les lots arrivant sur les étals sont bien conformes, si la sélection à l'export fait défaut ?
Dans l'attente des contrôles annoncés en Norvège, quelques réflexes peuvent rassurer : vérifier la provenance exacte du saumon, privilégier des labels exigeants comme ASC ou Label Rouge, demander des précisions à son poissonnier et varier davantage les poissons (sardine, maquereau, truite). Les personnes plus vulnérables - femmes enceintes, jeunes enfants ou personnes immunodéprimées - peuvent aussi choisir d'éviter temporairement le saumon cru issu d'élevage. Les résultats des inspections devraient être connus dans les prochains jours. Ils permettront de savoir si ces poissons abîmés ont réellement été distribués en France, ou si l'affaire se limite à quelques élevages norvégiens.
