Aucune région française n'est à l'abri : les chercheurs percent le mystère des séismes "impossibles"

Les scientifiques ne l'avaient pas vus venir.

Aucune région française n'est à l'abri : les chercheurs percent le mystère des séismes "impossibles"
© artoffoto - 123RF (Photo d'illustration)

Après un événement comme le séisme du Teil en Ardèche, celui de Soultz-sous-Forêts en Alsace ou celui d'Al Haouz au Maroc, qui se sont produits dans des zones où l'activité sismique était considérée comme extrêmement faible, les journalistes et les experts peuvent qualifier le séisme "d'impossible" car il contredit les connaissances antérieures ou les prédictions. Mais qu'est-ce que cela signifie vraiment ?

C'est une excellente question qui touche à la fois à la réalité scientifique et à une notion un peu plus imagée ou spéculative en sismologie. Il n'existe pas de terme scientifique officiel comme "séisme impossible" dans le sens d'un phénomène clairement défini et étudié comme tel. L'expression est plutôt journalistique ou métaphorique pour désigner un séisme qui se produit dans un endroit où il était considéré comme hautement improbable ou dont le mécanisme de déclenchement était inattendu. Ceci se produit lorsque des failles "endormies" ou inconnues s'activent, ou lorsqu'un séisme a lieu dans une zone considérée comme stable (loin des limites de plaques tectoniques). Ces événements surprennent les sismologues, car ils ne correspondent pas aux schémas classiques de récurrence.

Contrairement à ce que suggère son nom, un séisme "impossible" reste donc toujours possible. Des chercheurs de l'Université d'Utrecht (Pays-Bas) ont récemment découvert que des failles anciennes peuvent se "réparer" - c'est-à-dire retrouver une cohésion mécanique au fil des millions d'années - et ainsi redevenir capables de se rompre à nouveau. Ce qui explique pourquoi des séismes frappent parfois des régions stables. "Lorsqu'elles sont réactivées, souvent par des activités humaines, ces failles libèrent toutes les contraintes accumulées lors d'un séisme puissant avant de se stabiliser à nouveau. Cette découverte bouleverse la manière dont les scientifiques évaluent les risques sismiques dans des zones autrefois considérées comme sûres, offrant de nouvelles perspectives pour les projets géothermiques et de stockage d'énergie qui exploitent le sous-sol superficiel de la Terre", expliquent les scientifiques dans leur étude publiée dans Nature Communications.

Photo d'illustration pour un séisme "impossible" © youngishowyoufeel - 123RF

Le séisme du Teil, survenu le 11 novembre 2019 avec une magnitude de 5,4, est l'exemple français le plus marquant : il s'est produit sur une faille inconnue et a provoqué une rupture en surface, un phénomène rarissime en métropole. Au début des années 2000, un autre séisme dit "impossible" a frappé Soultz-sous-Forêts en Alsace, ce qui a obligé les sismologues à réévaluer l'aléa sismique sur l'ensemble du territoire métropolitain.

Dans des cas plus rares, les sismologues utilisent le terme de "séisme impossible" pour désigner le fait tout séisme est impossible à prévoir de manière précise (date, heure et magnitude). Le sismologue peut définir un aléa sismique : c'est-à-dire la probabilité qu'un séisme d'une certaine magnitude survienne dans une région donnée sur une période donnée (par exemple, dans les 50 ou 100 prochaines années), mais il est impossible de dire quand la rupture se produira. L'accumulation de contraintes le long d'une faille est lente et le moment exact de la libération d'énergie est imprévisible.