1 pharmacie ferme chaque jour en France : qu'est-ce qui se passe ?

Les pharmacies ferment à un rythme effréné, et la situation ne fait qu'empirer.

1 pharmacie ferme chaque jour en France : qu'est-ce qui se passe ?
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Chaque jour, une pharmacie disparaît en France, privant les habitants d'un accès direct aux soins. Cette tendance alarme autant les professionnels de santé que les habitants qui comptent sur leur pharmacien au quotidien. "Il y a un vrai danger pour la profession, mais aussi pour les patients qui n'auront plus accès aux soins de proximité" alerte Pierre-Olivier Variot, pharmacien à Plombières-lès-Dijon et président de l'USPO (Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine) que nous avons contacté. Avec 40% des pharmaciens prêts à vendre leur officine d'ici 5 ans*, l'avenir des pharmacies de proximité est plus que jamais en péril. 

"Quand une pharmacie ferme, les patients doivent se débrouiller pour trouver un autre point de vente, parfois loin de chez eux. Les inégalités d'accès aux soins ne cessent de s'aggraver." En milieu rural, où certaines officines sont les seuls établissements de santé à des kilomètres à la ronde, l'impact est encore plus fort.  "Certaines pharmacies ferment parce qu'elles se regroupent, explique le pharmacien. Deux officines fusionnent pour n'en faire qu'une seule dans ce cas cela n'impacte pas l'accès aux soins"  mais "un certain nombre ferment faute de repreneurs. Le pharmacien part à la retraite et personne ne reprend l'officine". Il y a aussi les difficultés économiques qui pèsent lourd. "La baisse de rentabilité des pharmacies est la cause principale de ces fermetures" poursuit notre interlocuteur.

Contrairement aux idées reçues, ce n'est pas la concurrence des pharmacies en ligne qui met en péril les officines physiques. "C'est la pression économique exercée par l'Assurance Maladie qui a accéléré le phénomène. Il ne s'agit pas d'un problème de remboursement, mais d'un problème de paiement. On impose aux pharmacies de vendre des médicaments à des prix toujours plus bas, alors que leurs charges explosent : salaires, électricité, loyers..." Résultat : "D'abord, le titulaire gagne moins. Ensuite, il doit licencier. Puis vient la fermeture." 

Pour Pierre-Olivier Variot, il y a deux solutions : "Redonner du pouvoir d'achat aux pharmacies en augmentant leur rentabilité et développer les pharmacies 'mère-fille' : lorsqu'une pharmacie ferme faute de repreneur, une autre officine peut ouvrir une antenne dans la commune concernée. On définit avec l'ARS (Agence régionale de santé) un nombre d'heures d'ouverture hebdomadaire. Cela permet de maintenir un accès aux médicaments sans le poids financier d'une pharmacie classique."  L'élargissement des missions des pharmaciens (vaccination, dépistage...) pourrait aussi aider "mais ce n'est pas suffisant", tempère le président de l'USPO. "Ces missions sont chronophages et pas assez rémunératrices pour compenser les pertes."

*Sondage réalisé en février 2025 par l'USPO auprès d'un échantillon représentatif de 3 100 pharmaciens titulaires.