Augmentation de la "taxe soda" : c'est quoi, quel impact pour le consommateur ?

Cette taxe sera multipliée par 3 pour certaines boissons en 2025.

Augmentation de la "taxe soda" : c'est quoi, quel impact pour le consommateur ?
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Plus de 45 pays ont instauré une taxe "soda" dont le Royaume-Uni, la Belgique, le Mexique, le Maroc, le Portugal, la Finlande, les Etats-Unis... En France, cette taxe a été introduite en 2012 sous Nicolas Sarkozy (gouvernement Fillon) dans le cadre du projet de loi de finances. Elle a une première fois été "durcie" et revue à la hausse en 2018. En 2025, le nouveau budget de la Sécurité sociale (PLFSS 2025) définitivement adopté par le Sénat le 17 février, prévoit encore "une forte augmentation" de la taxe soda qui sera multipliée par 2 ou 3 à partir du 1ᵉʳ janvier 2026. Voici ce qui va concrètement changer pour le consommateur.

A quoi sert la "taxe soda" en France ?

La "taxe soda" est une taxe imposée par un Etat sur les boissons sucrées. Elle est à la charge des professionnels qui fabriquent, importent et fournissent ces boissons sucrées à leurs clients (bars, restaurants, commerces...), mais la plupart les répercutent sur les prix de vente. Cette taxe a plusieurs buts : d'une part inciter les consommateurs à réduire leur consommation de boissons sucrées et s'orienter vers d'autres types de produits, d'autre part inciter les fabricants à reformuler leurs produits pour y mettre moins de sucres ajoutés. C'est aussi une façon pour l'Etat d'engranger de nouvelles recettes qu'il peut affecter au financement de programmes de santé publique. En 2023, la "taxe soda" a rapporté 443 millions d'euros selon les chiffres du Syndicat des boissons sans alcool. En 2025, elle pourrait rapporter jusqu'à 800 millions d'euros à l'Etat. Cette taxation est considérée par l'OMS comme un outil de lutte contre l'obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les problèmes dentaires. 

Sur quelles boissons s'applique-t-elle ?

Selon le site officiel d'information administrative pour les entreprises (Service-Public), cette taxe s'applique sur toutes les boissons sucrées ou édulcorées : sodas en bouteille ou en cannette (comme le fameux Coca-Cola©), sodas light, briques ou bouteilles de jus de fruits contenant des sucres ajoutés, eaux minérales ou pétillantes aromatisées, boissons énergisantes, boissons alcoolisées type panachés ou bière sans alcool. "Les produits qui nécessitent une transformation réalisée par le consommateur avant d'être bus (boissons en poudre comme le café ou des préparations pour le petit déjeuner, sirops,…), qui sont moins susceptibles d'être consommées en grande quantité, ne sont pas concernés par la contribution. Il en va de même du lait et de la soupe", précise l'Assemblée nationale

Quel impact sur le prix pour le consommateur ?

Le niveau de taxation dépend de la teneur en sucres du produit final : plus le niveau de sucre est élevé, plus la taxe "soda" est importante. Voici les nouveaux tarifs prévus à partir du 1ᵉʳ janvier 2026 selon le projet de loi adopté.

Quantité de sucre

(en kg de sucre ajouté par hl de boisson)

Tarif applicable à partir du 1er janvier 2026

(en € par hl de boisson)

Inférieure ou égale à 1 3,50 euros
2 4,09 euros
3 4.65 euros
4 5.23 euros
5 6.40 euros
6 7.57 euros
7 8.73 euros
8 11.06 euros
9 13.38 euros
10 15.70 euros
11 18.04 euros
12 20.36 euros
13 22.69 euros
14 25.02 euros
15 27.34 euros
Au-delà de 15 + 2,32 € / kg de sucre ajouté

Cette taxe a donc un effet concret sur le prix de production des boissons. Par exemple, un litre de thé glacé type Ice Tea© (Lipton) contient 30g de sucre par litre (soit 3 kg de sucre par hectolitre) et coûte 4.65 centimes d'euros de plus pour le fabricant. Un litre de Coca-Cola© contient 100g de sucre par litre (soit 10 kg par hectolitre) et coûte 15.70 centimes d'euros de plus pour le fabricant. Le fabricant a alors deux possibilités pour "absorber" la taxe : soit, il répercute le montant de la taxe sur le prix de vente (il vend donc son produit plus cher), soit il décide de changer sa recette pour réduire le taux de sucre.

Des efforts sont donc possibles du côté des industriels. Toutefois selon les associations de consommateurs, cette hausse de la taxe soda pèsera surtout sur le budget des clients : "Les consommateurs doivent s'attendre à payer jusqu'à 20 centimes de plus leur litre de soda ou de boisson sucrée", prévient Emmanuel Vasseneix, Président de l'Union des Jus de Fruits (Unijus) à Franceinfo