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Inutile de souhaiter une "bonne santé" cette année, un spécialiste explique pourquoi

La tradition est typiquement française.

Aux 12 coups de minuit le 1er janvier, il est coutume de se souhaiter les vœux et de prononcer la fameuse phrase "Bonne année et bonne santé". Cette tradition consensuelle et intergénérationnelle serait typiquement française. Les Belges et les Polonais se souhaitent par exemple la richesse et la bonne fortune tandis que les Brésiliens se souhaitent de trouver l'amour. Mais pourquoi la France est-elle le seul pays à associer la nouvelle année à une bonne santé ?

"Les Français sont très traditionnels et pour eux la santé est perçue comme la principale exigence pour être heureux, devant l'amour et le fait d'avoir des enfants", éclaire un sondage Ifop menée par l'agence de communication Capital Image. Derrière la formulation "bonne santé", ils se souhaitent le fait de se sentir bien dans sa tête, d'avoir un bon moral, de se sentir bien dans son corps et d'avoir de l'énergie tout au long de l'année. "Aujourd'hui, la santé est opposée à la maladie. Mais il ne faut pas oublier que pendant des siècles, la santé était le fait d'être sain de corps et d'esprit, et on est sain quand on se trouve dans une situation de bonheur, de bien-être, de confort matériel et physique", confirme le linguiste Bernard Cerquiglini interrogé par TF1 Info.

Religieusement, il a longtemps été coutume de faire "tous les jours des vœux et des prières pour la santé et la prospérité du Roy", peut-on lire dans le Dictionnaire Universel de Furetière de 1690. L'expression "bonne santé" serait ainsi restée dans les traditions et utilisée aujourd'hui comme un "vœu laïc", une sorte de rituel social et formel qui s'adapte aux moyens de communication en vigueur (via un petit carton en papier au XXe siècle, via un SMS ou un message vocal de nos jours). 

Plus globalement, "le mois de janvier est le mois de la réconciliation, de la concorde, de l'harmonie et de la bienveillance. Pendant longtemps, on parlait de la "trêve des confiseurs"" (qui désignait la période d'accalmie entre les monarchistes, les républicains et les bonapartistes fin décembre 1874, lors des débats houleux de la Constitution de la 3e République, ndlr), explique François Morel entre autres, essayiste et écrivain naturaliste, dans le Dictionnaire Amoureux de l'Inutile (éd. Pion).

Dans l'absolu, "souhaiter la bonne année et la bonne santé ne sert à rien. Une statistique digne de foi assure que 100% des gens qui meurent dans d'atroces souffrances, d'une longue maladie ou de mort naturelle ont reçu, courant janvier, en plusieurs exemplaires, des bons vœux garantis sincères. Pourtant ce serait une telle marque d'impolitesse, d'indifférence et de goujaterie que de ne pas présenter ses bons vœux en début d'année", ironise-t-il. Il y a donc aussi et surtout une part de superstition dont il peut être difficile de s'affranchir...