Porteur d'un virus mortel, cet insecte "géant" inquiète les médecins français (photo)
Il est présent dans 11 départements français.
Faites-y très attention dans votre jardin ou sur votre lieu de vacances. Avec ses pattes rayées bicolores et sa taille pouvant atteindre 1 cm, cet insecte doit être surveillé, insistent les autorités sanitaires qui craignent sa prolifération et son risque d'infection mortelle pour l'humain.
Découverte pour la première fois en France en octobre 2023, cette espèce d'acarien, appelée Hyalomma marginatum par les scientifiques, est potentiellement porteuse du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC), une infection qui peut entraîner chez l'Homme de la fièvre, des douleurs musculaires, des vertiges, des symptômes digestifs, et dans les formes les plus graves, des hémorragies incontrôlées (d'où son nom) ainsi qu'une dégradation rapide des fonctions rénales et hépatiques. "Sous cette forme, la maladie est mortelle dans 5 à 30% des cas, le décès ayant lieu la plupart du temps au cours de la deuxième semaine de la maladie", tient à préciser l'Institut Pasteur.
Cet insecte est une tique dite "géante" ou "à pattes rayées" (alternance de rayures brun-rouge et d'anneaux "blanchâtres" au niveau des articulations : voir la photo ci-dessous). Il s'agit d'une espèce différente et plus grosse (3 mm de long contre 8 mm) que la tique la plus connue (Ixodes ricinus) qui elle est susceptible de transmettre la maladie de Lyme ou le virus de l'encéphalite à tiques. Pour le moment, la tique géante n'est présente que dans 11 départements dans le Sud de la France et en Corse : Hérault, Gard, Aude, Pyrénées-Orientales, Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-Maritimes, Ardèche, Drôme, Corse-du-Sud et Haute-Corse. Mais avec le réchauffement climatique, l'aire de répartition de la tique géante va probablement s'étendre en France métropolitaine dans les prochaines années.
Si "le risque de contamination est maintenant démontré, aucun cas humain n'a été diagnostiqué en France à ce jour", rassure toutefois Santé publique France, qui, en pleine saison estivale, tient à rappeler les bons gestes de prévention surtout dans les lieux de prédilection de la tique (zones sèches de garrigues et de maquis, pâtures, chemins de randonnée, champ, cultures, vergers, vignes...) :
- Porter des vêtements couvrant les jambes et les bras, de couleur claire de préférence pour mieux voir la tique
- Porter des chaussures fermées
- Inspecter son corps et celui des enfants, par exemple au moment de la douche et en rentrant de balade
- Disposer d'un tire-tique ou une pince fine pour retirer la tique rapidement en cas de piqûre
Les répulsifs cutanés ayant une efficacité limitée, leur utilisation ne doit pas se substituer aux mesures de préventions citées ci-dessus. En cas de piqûre par une tique (géante ou pas) et après l'avoir retirée (avec un tire-tique ou une pince fine) et désinfecté le point de piqûre, photographiez la tique si vous le pouvez. Dans les deux semaines après la piqûre et si vous déclarez brutalement l'un des symptômes mentionnés ci-dessus, consultez un médecin en indiquant avoir été piqué par une tique et en lui montrant la photo.
"Nous étudions son installation, sa niche écologique, et sa tolérance à diverses températures, humidités, régimes de pluie, pour comprendre les facteurs qui expliquent son extension, expliquent Laurence Vial et Frédéric Stachurski, vétérinaires et chercheurs en parasitologie au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), au Parisien. C'est pourquoi nous sommes intéressés par tous les signalements faits par des éleveurs ou des particuliers qui la reconnaîtraient".