Un couple décède après avoir mis le mauvais légume dans leur soupe (l'erreur est fréquente en avril)
C'était finalement une plante hautement toxique...
Une erreur fatale. Un couple originaire de Deutsch-Wagram en Autriche est décédé à l'hôpital quelques jours après avoir mangé une soupe maison à l'ail des ours. Et pour cause : ce n'était pas de l'ail des ours qu'ils avaient cueilli et mis dans leur soupe mais du colchique, une autre plante qui lui ressemble fortement. Le colchique contient de la colchicine, une substance hautement toxique et potentiellement mortelle "qui peut entraîner une défaillance des organes et un choc circulatoire en l'espace de quelques jours", rapporte le quotidien autrichien Kleine Zeitung. En France aussi, la confusion entre ces deux plantes est fréquente : l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'Alimentation (Anses) rapporte -entre 2020 et 2022- 28 cas de confusion et 2 décès enregistrés par les Centres antipoison. Ces confusions sont survenues principalement en avril, mois privilégié de cueillette, dans la région Grand Est et Rhône-Alpes. Ces personnes avaient préparé les feuilles ramassées en sauce pesto pour la moitié d'entre elles, en salade, poêlée ou quiche pour l'autre moitié.
Les symptômes évocateurs d'une intoxication
La gravité de l'intoxication diffère selon la quantité de feuilles ingérées, la concentration très variable de colchicine présente dans la plante, et de l'association avec certains médicaments courants (antibiotiques de type macrolides, antivitamine K…) qui peuvent accroître notablement le risque toxique. Parmi les symptômes d'alerte énoncés par l'autorité sanitaire :
- Des diarrhées abondantes
- Des vomissements persistants
- Une déshydratation sévère
- Une hypotension (voire choc cardiovasculaire, avec convulsions)
- Une chute anormale des cheveux
- Parfois, des symptômes plus sévères comme des troubles digestifs, hépatiques et hématologiques graves
3 différences majeures et photo des feuilles
C'est à s'y méprendre : le colchique (Colchicum autumnale) surnommé "crocus d'automne" pousse au printemps dans les mêmes sous-bois que l'ail des ours (Allium ursinum). Les deux plantes se ressemblent, mais ont des différences :
► Odeur : l'ail des ours est une plante sauvage comestible, avec un fort parfum d'ail notamment quand on froisse ses feuilles contrairement au colchique.
Seul l'ail des ours sent l'ail !
► Aspect : les fleurs de l'ail des ours sont en forme d'étoile et son bulbe allongé sont de couleur blanche. Les feuilles sont plus ou moins brillantes, ovales et pointues, portées par des tiges. Les feuilles du colchique sont plus rigides, sans tige, et le bulbe est rond et foncé. Les fleurs mauves des colchiques n'apparaissent qu'en automne, seules les feuilles sont visibles au printemps (d(où les risques de confusion) : elles sont charnues, à bout arrondi et semblent sortir directement du sol. Toutes les parties de la plante sont toxiques.
► Lieu de pousse : l'ail des ours pousse souvent en grands tapis dans les sous-bois frais, les fonds de vallons ombragés et humides ou le long des ruisseaux. Le colchique a besoin de luminosité pour se développer : il pousse davantage dans un sol frais, profond, riche en humus et bien drainé, pas trop sec.
Précautions si vous cueillez de l'ail des ours :
- N'improvisez pas : assurez-vous de bien connaître la plante ramassée
- Vérifiez la présence d'une odeur d'ail au froissage de chaque feuille
- Ne cueillez pas les feuilles par brassées pour éviter de cueillir plusieurs espèces et de mélanger des espèces toxiques avec des espèces comestibles
- En cas de doute sur l'identification : ne consommez pas
- Cessez immédiatement de manger en présence d'un goût amer ou désagréable
- Photographiez votre cueillette pour en faciliter l'identification en cas d'intoxication.
Au moindre doute après ingestion ou en présence de symptômes notamment digestifs dans les heures suivant la consommation d'un plat avec de l'ail des ours ou du poireau sauvage, contactez immédiatement un centre antipoison ou consultez un médecin. Appelez le 15 en cas de détresse vitale (coma, détresse respiratoire…).