Cerveau : une mystérieuse onde de la mort découverte par des chercheurs français
Cette onde de la mort serait réversible dans certains cas.
La mort est un processus complexe qui suscite, encore aujourd'hui, beaucoup d'interrogations. Que se passe-t-il dans le cerveau au moment de la mort ? Le cerveau reste-t-il actif alors que nous sommes en train de mourir ? Les scientifiques ont un début de réponse. Des chercheurs français de l'Institut du Cerveau ont analysé l'activité cérébrale au moment de la mort et on découvert, pour la première fois, que le cerveau produisait une onde électrique, témoignant d'un "sursaut d'activité cérébrale". Cette onde, appelée "onde de la mort", survient lorsque le cerveau n'est plus oxygéné pendant un certain temps. Cette onde se propage comme "une vague" dans le cortex cérébral, altérant la fonction et la structure du cerveau. Cet événement est critique : les neurones ne sont pas encore morts, mais sont inactifs et incapables de transmettre des messages électriques.
Un phénomène réversible
Mais contrairement à ce que suggère son nom, cette onde de la mort n'est pas obligatoirement synonyme de décès et serait même, dans certains cas, réversible, selon les chercheurs. Toutefois, à partir du moment où l'onde de la mort survient, il faut agit vite.
► En l'absence d'intervention, "cette onde figure l'arrêt total et définitif des activités cérébrales", précise Antoine Carton-Leclercq, doctorant et premier auteur de l'étude. C'est ce qu'on appelle la mort cérébrale.
► S'il y a une tentative de réanimation que le cerveau est réoxygéné à temps, une autre onde semblable - appelée "l'onde de réanimation" - peut traverser le cerveau, marquant le début d'un regain progressif d'activité cérébrale. Autrement dit, les neurones qui semblaient morts, se réactivent. C'est ce qu'on appelle "la restauration des fonctions cérébrales". D'ailleurs, "il est possible que ces ondes soient impliquées dans les expériences de mort imminente (EMI) que rapportent certaines personnes ayant survécu à un arrêt cardio-respiratoire", poursuivent les chercheurs.
Une meilleure compréhension de la mort
Pour parvenir à ces résultats parus dans la revue Neurobiology of Disease, les chercheurs ont utilisé des rats anesthésiés. Ils ont enregistré l'activité électrique de leurs neurones dans différentes couches du cortex somatosensoriel primaire, une zone du cerveau qui joue un rôle clé dans la représentation du corps et le traitement des informations sensorielles. Cette activité neuronale a été mesurée avant, pendant et après la mort. "Nous avons observé cette même dynamique dans différentes conditions expérimentales, et pensons qu'elle pourrait exister chez l'Homme", expliquent les chercheurs.
"Un électrocardiogramme plat ne signifie pas forcément un arrêt définitif des fonctions cérébrales"
Cette nouvelle étude fait progresser nos connaissances sur les mécanismes neuronaux à l'approche de la mort. "Il est désormais établi que d'un point de vue physiologique, la mort est un processus qui prend son temps… et qu'il est pour l'heure impossible de la dissocier rigoureusement de la vie. Nous savons aussi qu'un électrocardiogramme plat ne signifie pas forcément un arrêt définitif des fonctions cérébrales", conclut le Pr Stéphane Charpier (Sorbonne Université), responsable de l'équipe de recherche. Désormais, il faut établir dans quelles conditions exactes ces fonctions peuvent être rétablies, afin de développer des médicaments neuroprotecteurs pour accompagner la réanimation en cas d'arrêt du cœur et des poumons.