Voici les 3 stations de métro les plus polluées de Paris

"Trois stations ont dépassé le seuil haut de particules fines proposé par l'Anses", prévient Pierre Pernot, ingénieur chez Airparif.

Voici les 3 stations de métro les plus polluées de Paris
© kasto - 123RF

Qui n'a jamais attendu un métro de longues minutes sur un quai bondé et sans air ? Au printemps dernier, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "mise en danger d'autrui" visant la RATP, soupçonnée par l'association Respire de dissimuler à ses usagers un taux de particules fines anormalement élevé. Pour palier le manque de données fiables sur le sujet et pour la première fois, Airparif, chargé de surveiller la qualité de l'air en Île-de-France, et Île-de-France Mobilités dévoilent la carte des quais de métro, RER et Transilien les plus pollués

3 niveaux de pollution

L'organisme a compilé les données sur les niveaux de particules fines mesurées par la RATP et la SNCF entre 2015 et 2022 dans 44 stations souterraines. Ces données ont ensuite été comparées aux seuils de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) en matière de qualité de l'air sur les quais des enceintes ferroviaires souterraines pour évaluer les niveaux de pollution pendant un temps d'exposition d'une heure. Ces stations ont ensuite été classé selon 3 niveaux : en vert (peu pollué), en jaune (pollution moyenne) et en rouge (très pollué). De réelles disparités existent. Sur 44 quais de stations qui ont pu être documentés (sur les 397 stations du réseau francilien au total) : 

  • 3 stations présentent des niveaux de pollution élevée (dépassant un taux de particules fines de 480µg/m³)
  • 31 stations présentent des niveaux de pollution moyenne (un taux de particules fines entre 140 et 480µg/m³)
  • 10 stations présentent des niveaux de pollution faible (un taux de particules inférieur à 140 µg/m³)
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Carte « Qualité de l’air sur les quais des métros, RER et Transilien (pour un temps d'exposition d'une heure) » © AirParif

Quels risques santé ?

De toutes petites particules fines (les PM10 et les PM2,5) seraient produites au moment du freinage des trains, quand ils arrivent dans une station. Et ce sont les particules les plus fines qui sont les plus nocives pour la santé. Une exposition régulière peut favoriser le risque "d'inflammation des voies respiratoires, en particulier chez les populations sensibles comme les asthmatiques" ou "d'effets sur la fonction cardiaque autonome", suggère l'Anses dans un avis de janvier 2023. "Trois stations ont dépassé le seuil haut (de particules fines, ndlr) proposé par l'Anses", prévient Pierre Pernot, ingénieur chez Airparif. Les trois stations se situent sur la Rive Droite, dans le Nord-Est parisien. Il s'agit de Jaurès (quai de la ligne 5), Belleville (quai de la ligne 11) et Oberkampf (quai de la ligne 5). Oberkampf a été munie d'une nouvelle ventilation début décembre 2023. Mais pour les 2 autres, il reste encore des efforts à faire. "Nous allons être capables de renforcer et même de créer des ventilateurs sur les trois stations concernées. Jaurès et Belleville passeront en orange, sinon en vert fin 2024", garantit Laurent Probst, directeur général d'Ile-de-France Mobilités. Un nouveau système réduisant les émissions de particules fines générées au moment du freinage des trains serait également envisagé, notamment sur les lignes du RER A et 1, 2, 3, 4, 5 et 9 du métro.

"Les particules ne sont pas les mêmes dans les rames"

"Les travaux communiqués par Airparif et IDFM ne reflètent pas l'exposition des voyageurs ni des salariés", précise Sophie Mazoué, responsable développement durable pour le groupe RATP sur Europe 1, qui selon elle, aucun usager ou salarié ne reste une heure sur un quai. Par manque de données scientifiques, difficile pour le moment de dire quels sont les réels risques pour la santé quand on reste 5 ou 10 minutes sur un quai. Les données sont amenées à évoluer : une cartographie précise des 397 stations du métro et du RER ainsi que des données au niveau des rames seront disponibles en juin 2024. "Les particules ne sont pas les mêmes dans les rames et sur les quais. En général, c'est un peu plus faible dans les rames car l'air est ventilé. On aura la vérification au mois de juin", poursuit Laurent Probst.