Alcool : la durée pendant laquelle il ne faut plus boire pour réparer le cerveau
Des chercheurs ont montré le nombre de mois qu'il faut au cerveau pour réparer sa structure une fois la consommation d'alcool arrêtée.
Ce n'est plus à prouver : l'alcool est toxique pour quasiment tous les organes, en particulier ceux qui sont très vascularisés comme le foie, le cœur, les poumons et le cerveau. Sa consommation chronique altère la structure et le fonctionnement du cerveau ce qui rend plus difficile l'arrêt de la consommation. "Les personnes souffrant de troubles liés à la consommation d'alcool ont tendance à avoir un amincissement dans certaines régions de leur cortex cérébral comme le cortex préfrontal, couche du cerveau essentielle à de nombreuses fonctions cognitives (comme l'apprentissage de la mémoire, la résolution de problèmes, le fait d'établir un raisonnement)", rapportent des chercheurs américains dans une étude publiée dans la revue Alcohol fin août 2023. Par exemple, un cortex préfrontal altéré par l'alcool peut devenir moins actif.*
Le cerveau peut "retrouver de l'épaisseur corticale"
Mais, est-ce qu'on peut réparer ces dommages ? Pour le savoir, les scientifiques ont suivi 88 personnes, recrutées dans des cliniques américaines au service "toxicomanie" entre 2001 à 2013. Pour comparaison, ils ont étudié un groupe témoin de 45 personnes qui n'avaient jamais eu de troubles de la consommation d'alcool. L'état de leur cerveau a été analysé par scintigraphie cérébrale au bout d'une semaine d'abstinence, 1 mois puis 7 mois. Résultat : les chercheurs ont révélé la durée pendant laquelle il ne faudrait plus boire d'alcool pour espérer réparer les dommages cérébraux. Les personnes qui arrêtaient complètement de boire gagnaient en épaisseur corticale au fil du temps, plus rapidement au cours du premier mois et pendant 7,3 mois (soit 7 mois et 10 jours), après quoi l'épaisseur était comparable à celle des personnes sans troubles liés à la consommation d'alcool.
Moins de récupération chez les hypertendus et les fumeurs
En revanche, l'étude a montré une moins bonne récupération dans certaines parties du cerveau chez :
► Les personnes souffrant d'hypertension artérielle
► Les personnes avec un cholestérol élevé (hypercholestérolémie)
► Les personnes fumant pendant la période d'abstinence
A contrario, aucune relation significative n'a été trouvée entre les modifications de l'épaisseur corticale et la prise de drogues autres que l'alcool, les troubles psychiatriques ou le tabagisme antérieur à la période d'abstinence.
"Une nouvelle compréhension de la récupération cérébrale après l'arrêt de l'alcool"
Des recherches antérieures avaient déjà montré que certaines régions pouvaient se rétablir lorsqu'une personne arrêtait de boire, mais sans préciser dans quelle mesure ni à quelle vitesse la guérison du cerveau se produisait. Les résultats de cette nouvelle étude permettent une nouvelle compréhension de la récupération cérébrale après l'arrêt de l'alcool. Mais en raison du faible nombre et du manque de diversité des participants, ils ne peuvent pas être généralisables. Il est également important de noter que ces résultats n'indiquent pas si les changements ont eu un effet sur la fonction cérébrale. "Des études plus vastes sont nécessaires pour examiner les corrélats neurocognitifs et psychosociaux de la récupération de l'épaisseur corticale au cours d'une abstinence soutenue", écrivent les chercheurs qui soulignent également qu'ils n'ont pas pris en compte tous les paramètres qui auraient pu affecter leurs résultats comme la génétique, l'activité physique ainsi que la santé du foie et des poumons.
- Regional cortical thickness recovery with extended abstinence after treatment in those with alcohol use disorder - Alcohol
- Quels sont les risques de la consommation d’alcool pour la santé ? Santé publique France