Faire des grasses matinées (trop souvent) augmenterait le risque d'obésité et de diabète

Un sommeil irrégulier, comme le fait de faire la grasse matinée le weekend, serait lié à de mauvaises habitudes alimentaires et nuirait à la santé intestinale, rapporte une nouvelle étude.

Faire des grasses matinées (trop souvent) augmenterait le risque d'obésité et de diabète
© Drobot Dean - stock.adobe.com

Un sommeil irrégulier, par exemple se lever beaucoup plus tard le weekend par rapport à la semaine, suffirait à affecter notre santé intestinale, rapporte une étude menée par des chercheurs du King's College de Londres et publiée le 2 août 2023 dans la revue scientifique European Journal of Nutrition. Plus précisément, décaler son lever ne serait-ce que d'une heure et demi le weekend aurait des conséquences sur le rythme circadien (l'horloge interne du corps humain) qui serait davantage désaligné, mais aussi sur la qualité de l'alimentation, les habitudes alimentaires et la composition du microbiote intestinal. C'est ce que les chercheurs ont appelé le "décalage horaire social", autrement dit la différence entre le sommeil de la semaine (quand on travaille par exemple) et le sommeil du weekend ou des jours de congé (quand on n'est pas obligé de mettre un réveil). Ils ont estimé que ce "décalage horaire social" concernait 40% de la population

9 mauvaises bactéries intestinales de plus

Pour parvenir à cette hypothèse, les chercheurs ont analysé le sommeil, les habitudes alimentaires, la santé cardiaque, la santé métabolique (par exemple la glycémie) et les selles après les repas de 934 adultes en bonne santé qui dormaient en moyenne 7 heures par nuit la semaine et dont certains d'entre eux dormaient en moyenne 1h30 de plus le weekend. Au terme de leur analyse, ils ont observé que les personnes qui avaient un sommeil irrégulier avaient de moins bonnes habitudes alimentaires (elles avaient tendance à manger moins sain, consommer plus de boissons sucrées, plus de féculents, moins de fruits, légumes et oléagineux) que les personnes dont le sommeil était régulier. Aussi, leur microbiote intestinal était de moins bonne qualité et avait des marqueurs d'inflammation légèrement plus élevés, ce qui est un facteur favorisant l'obésité, les maladies métaboliques comme le diabète et les maladies cardiovasculaires. "Le décalage horaire social était corrélé à une abondance plus élevée de 9 mauvaises bactéries intestinales et à une abondance plus faible de 8 bonnes bactéries intestinales en partie sous l'influence de l'alimentation", peut-on lire dans les résultats de l'étude. Des recherches complémentaires sont toutefois nécessaires pour confirmer ou infirmer ces résultats.

Un risque de diabète et d'obésité augmenté

"Lorsqu'on dérègle son horloge, particulièrement avec des ruptures de rythme entre la semaine et le week-end, on introduit des modifications métaboliques délétères pour son organisme (risques de diabète, d'obésité...)", nous confiait le Dr Royant-Parola, spécialiste du sommeil, lors d'une précédente interview. "Globalement, la population française est en déficit chronique de sommeil, la plupart des personnes se lèvent beaucoup plus tard les weekends et ont envie de profiter de leur samedi soir. Elles ont ainsi tendance à se coucher plus tard. Or, le sommeil de fin de nuit n'est pas aussi réparateur que le sommeil de début de nuit car on fait moins de sommeil lent profond en fin de nuit qu'en début de nuit. Et malheureusement, le sommeil "perdu" du début de nuit ne se récupère pas le matin", poursuivait le Dr Marc Rey, neurologue et Président de l'Institut national du Sommeil et de la Vigilance (INSV), que nous avions interviewé sur le sujet. Bien entendu, si de temps en temps vous décalez d'une heure votre heure de coucher ou que vous faites des écarts, ce n'est pas dramatique, mais si tous les weekends vous décalez de plusieurs heures, là ça peut devenir néfaste.