5 épices dangereuses pour la santé
A risque pour le foie, le coeur, l'estomac... Certaines épices qu'on a très souvent dans nos placards peuvent être contre-indiquées à cause de leurs effets secondaires.
Riches en antioxydants, les épices ont de nombreux bienfaits pour la santé, en plus d'apporter du goût à nos plats. Par exemple, certaines comme le cumin, l'origan ou la cannelle sont antibactériennes, d'autres comme la cardamome, le clou de girofle ou le fenouil facilitent la digestion. Mais attention, elles peuvent aussi être néfastes si on en consomme trop ou en cas de problèmes de santé déjà présents. Voici toutes les précautions à prendre pour utiliser les épices sans danger avec notre nutritionniste-diététicien Raphaël Gruman.
1. Le curcuma, un risque pour le foie
Le curcuma est contre-indiqué chez les personnes souffrant de calculs biliaires et d'une maladie du foie car il possède des propriétés cholérétiques, c'est-à-dire qu'il stimule la sécrétion de bile. "En 2022, l'Italie a recensé une vingtaine de cas d'hépatite impliquant des compléments alimentaires contenant du curcuma. En France, le dispositif de nutrivigilance de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a enregistré plus de 100 signalements d'effets indésirables susceptibles d'être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma ou de la curcumine, dont 15 hépatites", rapporte l'Anses dans un communiqué. Les personnes qui souffrent d'une maladie du foie doivent consulter leur médecin avant de prendre du curcuma. "Il est également à éviter si vous prenez des médicaments fluidifiants du sang, en particulier la warfarine (Coumadine)", ajoute notre expert. "Il existe un risque lié aux interactions de la curcumine avec certains médicaments tels que les anticoagulants, les anticancéreux et les immunosuppresseurs. Leur efficacité ou leur sécurité pourrait en être altérée", confirme l'Anses. La dose journalière maximale à respecter est de 180 mg de curcumine par jour pour une personne de 60 kg. Un surdosage en curcumine se traduit par des nausées, une sécheresse de la bouche, des flatulences et des brûlures d'estomac.
2. La noix de muscade, des effets psychotiques à haute dose
"Une forte dose de muscade (entre 5 et 10 g environ, soit 1 à 2 cuillères à café) peut entraîner des effets psychotiques et narcotiques, un état provoquant l'assoupissement et l'engourdissement des membres avec des nausées, des angoisses, des vomissements, une surexcitation nerveuse, des maux de tête et une élévation du rythme cardiaque (tachycardie)", nous informe notre interlocuteur. En effet, la noix de muscade contient notamment de la myristicine, de l'élémicine et du safrole, trois substances psychoactives connues pour être hallucinogènes quand elles sont ingérées à haute dose. "Plusieurs intoxications ont été signalées après une ingestion d'environ 5 g de noix de muscade, correspondant à 1-2 mg de myristicine/kg de poids corporel [...] Bien que ces intoxications puissent être attribuées aux actions de la myristicine, il est probable que d'autres composants de la noix de muscade puissent également être impliqués", rapporte une étude publiée dans la National Library of Medecine sur la toxicité de la myristicine. Normalement, les quantités utilisées en cuisine ne peuvent pas provoquer de tels symptômes. Il est préconisé d'en consommer ½ cuillère à café par jour pour un plat de 4 personnes par exemple soit environ 0,3 g par personne. La noix de muscade est contre-indiquée aux personnes souffrant d'une allergie aux fruits à coque.
3. La cannelle, déconseillée en cas de diabète
"Les effets de la cannelle sur la glycémie sont très puissants : en cas de diabète de type 1, la cannelle peut modifier la glycémie à haute dose", indique notre expert. "Les composés de la cannelle présentent des propriétés proches de l'insuline permettant ainsi d'équilibrer la glycémie", confirment des chercheurs dans une étude parue en 2020 dans le Journal of the Endocrine Society (JES). Ainsi, si on associe cette épice à la prise de médicaments antidiabétiques, on augmente leurs effets, et cela peut entraîner des effets indésirables comme une hypoglycémie, une transpiration excessive, des tremblements, des troubles de la vision ou encore des vertiges. Sa consommation alimentaire, associée à un traitement antidiabétique, doit se faire obligatoirement avec l'avis d'un médecin. D'autres plantes ou épices comme le fenugrec ou le moringa ont les mêmes effets.
4. Le piment favorise les brûlures d'estomac
A forte dose, le piment entraînerait des brûlures d'estomac, des diarrhées et aggraverait les inflammations articulaires comme la maladie de la goutte. S'il peut tout à fait être consommé (avec modération) chez des personnes sans problème intestinal ou colorectal, "le piment serait à éviter en cas d'ulcère gastrique ou d'inflammation chronique du côlon", indique Raphaël Gruman, car la capsaïcine, substance contenue dans le piment, pourrait aggraver les symptômes, notamment des spasmes du gros intestin entraînant d'importantes douleurs abdominales et des diarrhées. Toutefois, les études sur le sujet sont contrastées : par exemple, une étude publiée en 2022 dans la revue Nutrients montre que "la consommation régulière de capsaïcine a un effet positif sur le microbiote intestinal, en augmentant la diversité et certaines abondances de bonnes bactéries, en particulier l'acide butanoïque". Une autre étude menée en 2008 et encouragée par The National Association of Colitis and Crohns Disease suggère "que les personnes souffrant du syndrome possèdent plus de fibres nerveuses sensibles à la douleur, ce qui entraînerait une sensation de brûlure lorsque ces individus mangent des piments forts".
5. Le gingembre fluidifie le sang, à éviter si on est sous anticoagulant
"Le gingembre a un effet anticoagulant naturel (il fluidifie le sang) et doit être consommé avec précaution dans le cadre d'un traitement anticoagulant", indique notre nutritionniste. Si vous suivez un traitement anticoagulant, il est fortement conseillé de demander l'avis de votre médecin. Il est recommandé de ne pas dépasser 4 g de gingembre moulu par jour, soit entre 15 et 20 g de gingembre frais. Par ailleurs, selon une étude publiée en 2016 dans l'Asian Pacific Journal of Cancer Prevention, une forte consommation de gingembre, surtout sous forme de poudre, peut entraîner des brûlures et des maux d'estomac, ainsi qu'une diarrhée, chez des femmes soignées par chimiothérapie pour un cancer du sein.
Merci à Raphaël Gruman, diététicien-nutritionniste.