Témoignage d'Expérience de mort imminente (EMI) : "C'était blanc, doux et lumineux"

TÉMOIGNAGE MORT IMMINENTE. A 24 ans, Fabienne est victime d'un malaise cardiaque. Elle bascule dans "un ailleurs" puis en revient bouleversée et métamorphosée. Elle raconte son expérience de mort imminente (EMI) au Journal des Femmes.

Témoignage d'Expérience de mort imminente (EMI) : "C'était blanc, doux et lumineux"
© Fabienne Raoul

En 2004, Fabienne a 28 ans et est ingénieure nucléaire. Victime d'un malaise cardiaque, elle perd connaissance. Elle rejoint alors un "autre monde" et est enveloppée dans un au-delà empli d'amour, de bienveillance et de sagesse... Avant de revenir sur Terre, dans son corps. Quinze ans plus tard, Fabienne se confie sur son expérience de mort imminente (EMI) et raconte au Journal des Femmes comment ce "voyage spirituel" l'a bouleversée, comment toutes ses convictions ont volé en éclats et quel sens a-t-elle alors décidé de donner à sa vie. Témoignage.

Le Journal des Femmes : Dans quel contexte faites-vous votre expérience de mort imminente ?

Je me sens comme dans "une autre dimension".

Fabienne : Tout se passe le 10 février 2004. Je suis en formation sur mon lieu de travail. Je suis debout, entourée de mes collègues. D'un coup, je ressens des nausées et je me mets à transpirer énormément. J'ai envie d'aller aux toilettes pour vomir. Je ne comprends pas trop ce qu'il m'arrive. Mes membres tremblent, mon corps devient raide comme une planche, mes yeux révulsent. Je perds connaissance et je tombe sur le dos, la tête en arrière qui percute une table. A partir de ce moment-là, je me sens complètement ailleurs. La première chose que je me dis c'est "Je suis morte" et je ne trouve pas ça glauque. Je me sens comme dans "une autre dimension", Je sais que ça peut paraître complètement dingue mais je me retrouve dans un espace blanc, doux, beau et lumineux, qui n'a plus de limite. Je suis dans un état d'amour et de ressenti extrêmement puissant. Je me sens si bien.

Ces sensations n'ont rien à voir avec ce que j'ai connu auparavant.

Face à moi, j'aperçois des silhouettes d'hommes et de femmes qui m'accueillent. Ils sont disposés en arc de cercle. J'ai cette sensation de "retour à la maison". Je sais que je ne suis pas sur Terre. Ces sensations n'ont rien à voir avec ce que j'ai connu auparavant. Ce moment de plénitude et de félicité est rassurant et apaisant. Tout est décuplé et en même temps j'ai l'impression que tout est très concret et d'être hyper lucide. Je me sens vivante, dans une réalité augmentée, beaucoup plus riche et puissante que celle qu'on vit au quotidien. J'entends une musique qui m'enveloppe. C'est une musique incroyablement belle et pure que je n'ai jamais entendue de ma vie et qui ne ressemble à aucune autre musique. Je veux rester tellement je suis bien ici. Mais ce n'est pas ce qui est prévu. Quand je reviens dans notre monde, je ne comprends absolument pas ce qu'il s'est passé et pourquoi je suis revenue "à la vie", dans mon enveloppe corporelle.

Combien de temps dure cette perte de connaissance ?

Fabienne : D'après mes collègues, je reste inconsciente moins d'une minute. En ce qui me concerne, je n'ai aucune notion de temps. Aucune unité de temps ne semble exister dans cet autre monde. Il y a comme un sentiment d'éternité. 

Comprenez-vous ce qu'il vous arrive ?

Fabienne : Je suis perpétuellement dans une quête de compréhension d'un point de vue scientifique. Je veux comprendre ce qu'il s'est réellement passé ce 10 février 2004. Je fais des recherches dans des bouquins. L'un d'eux attire mon attention. Il s'agit d'un ouvrage de Rémy Chauvin, un biologiste, entomologiste et professeur émérite à la Sorbonne. Quelqu'un somme toute d'extrêmement sérieux qui s'intéresse aux phénomènes paranormaux - mais ce terme, je ne l'aime pas trop, car on pense tout de suite aux films surnaturels de type Poltergeist. Je préfère dire que ce sont des phénomènes pas encore expliqués par la science - et la vie après la mort. Je trouve son approche intéressante car il traite ces phénomènes du côté scientifique. Nous sommes alors plus d'un an après mon EMI. Quinze jours plus tard, je parle de ce qu'il m'est arrivé à une collègue de travail, ingénieure chimiste. Je me sens en confiance avec elle. Je sais qu'elle ne me juge pas et qu'elle ne va pas avoir de propos moqueurs ou de rejet. Elle se montre très ouverte à mon histoire et me suggère de contacter son grand-père qui s'intéresse énormément à ces sujets. Elle note sur un post-it ses coordonnées. Quand elle me le tend, je vois le nom de "Rémy Chauvin" inscrit sur le papier. Je reste bouche bée, car j'ignorais que ma collègue était sa petite-fille.

Désormais, je ne suis plus la même, j'ai des informations qui m'arrive de cet autre monde.

Et depuis mon malaise cardiaque, je multiplie ce genre de coïncidences. C'est d'ailleurs ce qu'on appelle scientifiquement des synchronicités ou des concordances de sens. Et cela me fait prendre conscience que désormais, je ne suis plus la même. J'ai des informations qui m'arrive de cet autre monde et j'ai de plus en plus d'intuition. C'est comme s'il y avait un énorme champ d'informations  tout autour de moi et que ma conscience arrivait à s'y connecter. Je considère mon cerveau comme un récepteur télé ou une radio qui capte toutes les fréquences et qui peut ainsi recueillir d'autres états modifiés de conscience (nldr : des états mentaux différents des états de conscience ordinaire). Mais selon moi, tout le monde possède la faculté d'aller au-delà du mental et de se connecter à plus grand que soi. Sauf que parfois, il faut un choc émotionnel violent pour ouvrir la conscience, comme ce fut le cas pour moi avec mon malaise cardiaque. Parfois, les gens qui passent près de la mort, qui sont dans le coma ou qui ont de graves accidents enclenchent une ouverture sur un champ d'informations invisibles, impalpables et inaccessibles avec nos cinq sens habituels. Pour illustrer ce que je suis devenue, j'aime bien dire qu'avant, j'étais au bas d'un entonnoir, avec un tout petit diamètre de perception des choses, et que maintenant, j'accède à un diamètre plus grand et je suis en contact avec une autre réalité...

Votre vision du monde a-t-elle changé depuis ce jour ?

Pour moi, il y a quelque chose qui existe en plus de ce que l'on perçoit avec nos 5 sens.

Fabienne : A cette époque, je suis ingénieure matériaux dans le domaine nucléaire. Je n'ai eu ni éducation religieuse ni notions de spiritualité. Je ne crois qu'au tangible et à la matière organique. Pour moi, on vit, on meurt et puis ça s'arrête là. Donc oui, cette expérience de mort imminente chamboule toute ma vie, mes convictions et mes croyances. Pendant longtemps, j'oscille entre mon côté très scientifique, terre-à-terre et la perspective d'un champ où tout est possible. Pourtant, ce que j'ai vécu me semble plus réel que tout mon quotidien. J'ai peur de passer pour une folle, mais intimement, je sais que tout est vrai. Pour moi, il y a quelque chose qui existe en plus de ce que l'on perçoit avec nos 5 sens. Et cette pensée a complètement changé ma vision du monde. La vision du monde d'une personne si cartésienne, rationnelle et qui ne croyait en rien. 

Je ne me prétends pas "médium".

Cette EMI est pour moi un électrochoc, qui a changé le cours de ma vie. Depuis 5 ans, je me suis reconvertie en tant que sophrologue et je pratique des soins énergétiques. Je fais désormais un métier en lien avec "l'invisible". Au cours des séances, j'ai parfois des images qui font écho aux personnes. Pour autant, je ne me prétends pas "médium". Alors, est-ce de l'intuition ? Je l'ignore encore. La nuit, je fais des rêves prémonitoires. Pour autant, je ne les contrôle pas et je ne cherche pas à faire de la voyance, à prédire le futur ou à communiquer avec les morts. 

Ces rêves prémonitoires, ne sont-ils pas trop pesants au quotidien ? 

Heureusement, c'est souvent des rêves très positifs. Je ne rêve pratiquement jamais de mort de mes proches par exemple. Il m'arrive cependant de faire des cauchemars prémonitoires, comme l'an dernier : je rêve d'une fusillade, neuf jours avant qu'une tuerie dans un lycée de Sante Fe au Texas (mai 2018) se produise. Dans ce rêve, je suis une jeune femme cachée sous une table située dans une salle de cours. J'ignore que je me trouve au Texas, mais je sais que je suis aux Etats-Unis et j'ai extrêmement peur. Dans l'embrasure de la porte se trouve un jeune homme armé d'un fusil. Il veut tuer tout le monde. A ce moment-là, je n'ai qu'une pensée : devenir invisible pour ne pas me faire tuer. Je me réveille, je suis en nage. C'est assez effrayant d'être dans une autre réalité, car j'ai l'impression parfois de capter des informations avant que l'événement arrive et de ne pas pouvoir m'en servir pour empêcher certains drames. Et en même temps, je ne peux rien faire. Je ne peux pas aller voir la police et raconter mes rêves. Personne ne me prendrait au sérieux ! Alors je me contente des les écrire chaque matin pour pouvoir les analyser.

N'importe qui peut vivre une EMI (...) il n'y a pas de profil-type.

Avez-vous déjà rencontré d'autres personnes comme vous ?

Fabienne : Il y a plein d'études sur les expériences de mort imminente aux Etats-Unis et au Canada, mais malheureusement très peu en France. Raymond Moody est le premier médecin psychiatre américain à mettre un nom sur ces expériences et à les étudier. Au fil de ses recherches, il se rend compte que n'importe qui peut vivre une EMI et ce, indépendamment de la religion, la culture, l'âge, la profession, les croyances ou le lieu de résidence. Il n'y a pas de profil-type.

Je suis arrivée en une fraction de seconde dans un autre monde, un espace blanc, doux et lumineux.

La plupart des personnes qui ont connu une EMI décrivent trois étapes : premièrement, une sortie de corps où la personne se voit flotter au-dessus de son corps, deuxièmement, elle se sent aspirée dans un tunnel blanc et lumineux. Puis enfin, elle se retrouve dans un endroit immaculé où elle est accueillie par des défunts. Ces morts lui disent parfois "Ce n'est pas le moment, il faut redescendre sur Terre" et lui mettent une sorte de limite qu'il ne faut pas franchir. C'est un peu comme si on vivait une espèce de démonstration et d'aperçu de ce qu'il y aurait après la mort. Moi je n'ai connu que la troisième étape : je suis arrivée en une fraction de seconde dans un autre monde, un espace blanc, doux et lumineux. Et le Pr Rémy Chauvin m'avait dit à l'époque "Mademoiselle, rassurez-vous vous êtes des milliers de personnes à vivre ça. Mais malheureusement, c'est quelque chose qui est peu étudié, surtout en France." Et en effet, vous n'imaginez pas le nombre de personnes, y compris des médecins, qui m'écrivent en me disant que ça leur ait arrivé et qu'ils n'ont jamais osé en parler. 

Les phénomènes surnaturels sont souvent perçus comme du charlatanisme ou des hallucinations.

Pourquoi, selon vous, ces phénomènes restent-ils confidentiels en France ?

Fabienne : La France est le pays de Descartes. On est très rationnel et on a toujours besoin de preuve. Les phénomènes surnaturels sont souvent perçus comme du charlatanisme ou des hallucinations. On est beaucoup dans le jugement, on est souvent hyper fermé et on a toujours tendance à trouver des explications scientifiques pour balayer d'un revers de main ces phénomènes-là. Selon moi, on a besoin de sortir de ce dogme matérialiste et de placer le palpable au cœur de notre vie car on se rend compte que dans l'infiniment petit, tout n'est que vibration et énergie. Et ça, la physique quantique nous le prouve.

En août 2019, vous publiez votre livre "Mon bref passage dans l'autre monde" (éd. Leduc). Pourquoi avoir envie de révéler votre EMI au grand jour ? N'avez-vous pas eu peur d'être jugée ?

Je ne veux en aucun cas convaincre.

© Leduc Editions

Fabienne : Oh que si ! (rires) Mais le fait d'écrire et de poser des mots sur ce que je vis, me permet de faire ma psychothérapie et de prendre conscience que je suis loin d'être la seule à vivre ça. J'ai besoin de partager ma propre expérience, de me sentir écoutée et comprise. Cela permet aussi de rassurer beaucoup de personnes et d'ouvrir des portes. Après, il y a toujours des gens qui sont complètement réfractaires et qui dénigrent tout ça. Moi, je souhaite juste relater mon expérience, je ne veux en aucun cas convaincre. Selon moi, la réalité n'est peut-être pas celle que l'on perçoit. et le nier serait à mon sens une réaction un peu bête, surtout au 21e siècle. Parce qu'on a aujourd'hui plein de moyens d'avancer et de changer notre regard sur la vie et la mort. Et je pense que le fait de se tourner vers le merveilleux et de garder son âme d'enfant est la plus belle manière de vivre...