C'est officiel : l'homéopathie ne sera plus remboursée à partir de 2021
Mardi 8 octobre 2019, les textes de lois confirmant la radiation des médicaments homéopathiques de la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables ont été publiés au Journal Officiel.
Comme annoncé par la ministre de la Santé Agnès Buzyn en juillet dernier, les médicaments homéopathiques ne seront plus remboursés à partir du 1er janvier 2021. Les textes de lois sont parus le 8 octobre 2019 au Journal Officiel. Dans le premier, le ministère de la Santé confirme la radiation de médicaments homéopathiques de la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables aux assurés sociaux suivant l'avis rendu par la commission de la Haute Autorité de Santé (HAS) le 28 juin 2019. Après avoir analysé scientifiquement les données de 1200 médicaments homéopathiques, la HAS rappelait que "contrairement aux autres médicaments, les médicaments homéopathiques n'ont pas été évalués scientifiquement avant d'être inscrits au remboursement il y a plusieurs décennies". Elle concluait à :
- l'absence de démonstration probante d'efficacité des médicaments homéopathiques dans les affections/symptômes pour lesquels des données ont été retrouvées dans la littérature
- l'absence de place définie dans la stratégie thérapeutique pour ces médicaments ;
- l'absence de données pour les autres affections/symptômes pour lesquels l'homéopathie est utilisée en pratique courante
- l'absence de démonstration d'une efficacité supérieure au placebo ou à un comparateur actif et le fait en outre que ces médicaments homéopathiques ne permettent pas, dans le cadre d'une stratégie thérapeutique, de réduire la consommation d'autres médicaments.
La liste des médicaments déremboursés figure également dans ce premier arrêté. Parmi ceux-ci : Rhus Toxicodendron, Nux Vomica, Mercurius Solubilis, Ignatia Amara... Le second texte confirme la "fin de la prise en charge par l'assurance maladie des préparations homéopathiques remboursables" réalisés par les pharmaciens.
Utilisée par des millions de Français pour se soigner au quotidien, l'homéopathie était dans le viseur des autorités sanitaires depuis plusieurs mois. Le taux de remboursement aujourd'hui à 30% devrait passer en janvier 2020 à 15% puis à 0% in fine.
"Le recours à l'homéopathie ne doit pas retarder la prescription des soins nécessaires à la prise en charge des maladies graves"
La Haute Autorité de Santé avait également indiqué que "le recours à l'homéopathie ne doit pas retarder la prescription des soins nécessaires à la prise en charge, en particulier pour les maladies graves et évolutives". L'homéopathie a coûté en 2018 presque 127 millions d'euros à l'Assurance maladie sur un total d'environ 20 milliards d'euros de médicaments. Dans un communiqué du 9 juillet, le laboratoire Boiron, leader du marché, avait dénoncé une "décision incompréhensible et incohérente" et prévenu du "lourd" impact de la décision pour cette filière industrielle.
Le saviez-vous ?L'homéopathie fut mise au point au 18e siècle par un médecin allemand, le Dr. Samuel Hahnemann. Il remarqua que l'écorce de quinquina, prescrite contre la fièvre et les convulsions, pouvait déclencher ces maux chez un sujet sain. Il était donc possible de "soigner le mal par le mal". Toutes substances responsables de symptômes chez une personne en parfaite santé étaient aussi capables de guérir un sujet malade. Mais à une condition : ne donner au patient que des quantités infimes du principe actif, afin de provoquer une réaction de défense de l'organisme sans aggraver la maladie. C'est ainsi qu'est née l'homéopathie. |
Sources :
Arrêté du 4 octobre 2019 portant radiation de médicaments homéopathiques de la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables aux assurés sociaux mentionnée au premier alinéa de l'article L. 162-17 du code de la sécurité sociale. Journal officiel du 8 octobre 2019.
Arrête du 4 octobre 2019 mettant fin à la prise en charge par l'assurance maladie des préparations homéopathiques remboursables. Journal officiel du 8 octobre 2019.
"Médicaments homéopathiques : une efficacité insuffisante pour être proposés au remboursement". Dossier de presse. 28 juin 2019.