Arrêter de fumer avec une thérapie comportementale : ça marche ?
Les TCC sont particulièrement efficaces pour arrêter de fumer, mais elles demandent beaucoup d'investissement personnel. Zoom sur cette approche non médicamenteuse avec le Dr Philippe Guichenez, tabacologue.
Depuis plusieurs années maintenant, vous essayez d'arrêter de fumer. Vous avez eu beau expérimenter différentes méthodes, aucune n'a pour l'heure fonctionné. Et si vous suiviez une thérapie comportementale et cognitive (TCC) ? Cette approche non médicamenteuse a pour objectif d'aider les personnes à modifier un comportement. Un fumeur apprendra ainsi à gérer son stress autrement qu'en fumant, à ne pas craquer à la vue d'une cigarette... La TCC est indiquée en première intention chez tout individu en sevrage. C'est également le cas chez la femme enceinte. Toutefois, "le sevrage tabagique est difficile chez la femme enceinte car il n'y a souvent pas eu de démarche personnelle avant la grossesse", précise le Dr Philippe Guichenez, tabacologue au centre hospitalier de Béziers.
Mais en quoi cela consiste-t-il concrètement ? Lors d'une TCC, le patient et le médecin travaillent ensemble pour comprendre et modifier le comportement qui pose problème. Ainsi, une véritable alliance thérapeutique se crée. Ils vont conjointement recontextualiser, reformuler, résumer la situation et renforcer les comportements positifs. Chaque cigarette va également être analysée afin de déterminer par exemple s'il s'agit d'une cigarette récompense ou d'une cigarette qui régule l'humeur.
Le thérapeute va également essayer d'augmenter la motivation du patient à arrêter de fumer par le biais de diverses méthodes thérapeutiques. Pour ce faire, le fumeur va par exemple lister les avantages et les inconvénients à continuer et à arrêter la cigarette, mettre en évidence les cercles vicieux, mettre en place les cercles constructifs, rédiger une lettre de rupture... Lors d'une TCC, il va par ailleurs mettre en évidence ses pensées automatiques et des solutions spécifiques par l'intermédiaire des colonnes de Beck, qui recensent "la situation, l'émotion associée, la pensée automatique, la pensée alternative, la nouvelle émotion et un nouveau comportement", explique le tabacologue.
Au cours des séances, des résumés sont régulièrement faits à la fois par le thérapeute et par le patient lui-même. En parallèle, ce dernier doit réaliser différentes tâches, comme par exemple remplir une balance décisionnelle, qui seront analysées lors des consultations suivantes.
Est-ce que ça fonctionne ? "Cette technique multiplie par deux les chances de réussite. Elle doit être associée à un substitut nicotinique ou à la varénicline (contre-indiquée chez la femme enceinte). Elle est d'ailleurs l'une des rares approches non médicamenteuses validée scientifiquement", affirme le Dr Guichenez. Cependant, se lancer dans une telle thérapie demande une réelle motivation. Le patient doit en effet suivre pendant un an, entre 10 et 25 séances individuelles, qui durent chacune 45 minutes environ. "Il est indispensable que la personne soit motivée car la TCC demande beaucoup de travail personnel. Il faut qu'elle ait envie de s'impliquer pleinement".
En savoir plus :
N.B : Le prix d'une consultation de TCC dépend du praticien. Les médecins sont conventionnés secteur 1 ou secteur 2. Les psychologues fixent quant à eux librement leurs tarifs. Les consultations réalisées par un médecin sont remboursées par la sécurité sociale. En revanche, elles ne le sont pas lorsqu'elles sont pratiquées par un psychologue. Il faut par ailleurs noter que certaines mutuelles participent à la prise en charge d'une partie du coût de la thérapie.
Liste des thérapeutes sur le site Internet de l'AFTCC.
"Traiter l'addiction au tabac avec les Thérapies Comportementales et Cognitives" du Dr Philippe Guichenez aux Editions Dunod.