Consommation d'alcool : pas plus de 10 verres par semaine
Des experts préconisent de revoir à la baisse les repères de consommation d'alcool, en particulier pour tenir compte du risque de cancer, jusqu'à présent négligé.
Les repères de consommation d'alcool se basent sur des repères établis en 1999 : 2 verres maximum par jour pour les femmes, 3 verres maximum par jour pour les hommes et 4 verres maximum en une seule occasion quel que soit le sexe.
Le message devrait évoluer dans le sens d'un seul et même repère quel que soit le sexe. C'est en tout cas ce que recommande un groupe d'experts missionnés par la Direction générale de la santé et la Mission interministérielle de lutte contre les conduites addictives. Leurs propositions sont publiées dans un rapport du 4 mai 2017.
Que faut-il retenir ?
Hommes comme femmes devraient limiter leur consommation d'alcool à 2 verres par jour et à 10 verres par semaine, tout en conservant des jours "0 alcool". Pourquoi supprimer la distinction entre hommes et femmes ? Selon les experts de Santé publique France et de l'Institut national du cancer, qui ont travaillé sur le rapport, cela clarifie le message et le rend plus lisible. En outre, le Pr Mickaël Naassila, président de la Société française d'alcoologie, précise au quotidien La Croix qu'"il n'est pas question de nier le fait qu'il y a une plus forte vulnérabilité des femmes face à l'alcool. À quantité égale consommée, elles ont une addiction plus rapide et des dommages sanitaires plus importants", mais cette différence serait surtout observée au-delà de cette limite de dix verres par semaine.
Par ailleurs, l'avertissement sanitaire actuel "L'abus d'alcool est dangereux pour la santé" devrait être remplacé selon les experts par un message signifiant que toute consommation d'alcool est à risque pour la santé. Autrement dit, les consommateurs devraient savoir que toute consommation, même minime, augmente en particulier le risque de cancer.
Enfin, le rapport conclut que pour être cohérent, ce discours doit également inclure des actions sur la fiscalité, sur la disponibilité des produits et leur promotion, ainsi que des actions d'éducation, de communication et de marketing social.
Pour résumer :
- Toute consommation comporte des risques, dès le premier verre.
- En dessous de 10 verres d'alcool par semaine, le risque est faible, mais pas nul.
Manque de volonté politique ?
Parmi les professionnels des addictions, nombreux sont ceux qui, depuis des années, jugeaient que ces repères devraient être redéfinis. Par ailleurs, un rapport de la Cour des Comptes publié en juin 2016 avait pointé de nombreuses failles dans les politiques de lutte contre l'alcool en France. Notamment, la France entretient une relation ambiguë avec l'alcool du fait d'un héritage social et culturel, renforcé par des enjeux économiques. Selon le rapport, "le poids économique du secteur des boissons alcoolisées (22 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 555 000 emplois directs et indirects) est particulièrement notable en France" et "les actions de lobby en faveur de l'alcool ne font pas l'objet d'un encadrement suffisant en France" . Bref, les politiques seraient globalement trop laxistes vis-à-vis de l'alcool, alors qu'il est responsable de 49 000 décès chaque année, de 5 à 30% des accidents mortels et de 30% des morts violentes au sein des couples.
En France, la loi de modernisation du système de santé a quand même introduit des évolutions législatives. L'une d'elles prévoit des amendes fortes en cas d'incitation de mineurs à la consommation d'alcool. "Le fait de provoquer directement un mineur à la consommation excessive d'alcool est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende. Le fait de provoquer directement un mineur à la consommation habituelle d'alcool est puni de deux ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende", précise l'article.