Sommeil connecté, sommeil facilité ?
S'endormir peut parfois s'avérer compliqué. Des applications mobiles proposent d'analyser votre sommeil et de vous aider à prendre de bonnes habitudes pour l'améliorer. Mais tiennent-elles leurs promesses ?
L'époque où nous comptions les moutons pour nous endormir est révolue ! L'heure est maintenant aux applications mobiles. Leur but : vous aider à mieux dormir. Rien que ça !
Des applications à foison. Disponibles dans les stores mobiles (Apple, Google et Windows), en version payantes ou gratuites, elles offrent plus ou moins les mêmes services. A savoir : un réveil intelligent qui vous réveille au moment le plus propice dans la demi-heure précédent l'heure que vous avez indiquée, un enregistrement de vos éventuels ronflements, une analyse de votre sommeil, mais aussi un contrôle de votre humeur matinale ou encore des musiques relaxantes pour vous endormir.
La star des applications est incontestablement Sleep Cycle, numéro un sur l'Apple Store dans de nombreux pays. L'application d'origine suédoise atteint presque la note de 5 étoiles, avec plus de 200 000 mille votes, et a été encensée par CNN, The New York Times ou encore The Guardian. Une autre application très appréciée est Sleep Better par Runtastic, un développeur d'application fitness. Côté français, l'application iSommeil (disponible sur iOS et Android) a été imaginée par deux médecins du centre du sommeil de l'Hôtel Dieu, à Paris, et a été validée par un protocole médical.
Comment ça marche ? Nos smartphones sont donc capables d'analyser notre sommeil. Un fait plutôt intrigant qui soulève une question : comment ? La réponse est simple. Tous les smartphones possèdent des capteurs sensibles à la gravité, à la vitesse et aux mouvements. Les applications sommeil, et plus généralement de suivi, utilisent ces capteurs pour mesurer différents paramètres comme le nombre de pas. Dans le cas des applications sommeil, ce sont les capteurs de mouvements qui sont utilisés pour mesurer les phases d'endormissement et de réveil, et donc déterminer si le sommeil est léger, profond, ou agité. Ainsi, un sommeil profond sera défini par une longue période d'immobilité, au contraire d'un sommeil léger, qui se manifestera par des périodes de mouvements. Le microphone quant à lui, enregistre les sons émis pendant la nuit, notamment les ronflements.
Cependant, selon Sylvie Royant-Parola, psychiatre et médecin spécialiste du sommeil, et directrice de la publication du Réseau Morphée, ces mesures sont loin d'être fiables. "Lorsque certaines applications donnent des courbes des différentes phases du sommeil, et indiquent si vous avez rêvé, c'est faux. Les transitions entre réveil et sommeil sont bien captées et apportent un reflet du rythme éveil/sommeil, mais le reste est flou !", explique la spécialiste.
Gadget ou outil ? Pour Sylvie Royant-Parola, les applications d'analyse du sommeil n'ont pas de réelle utilité, car le degré d'incertitude entre les données mesurées d'une nuit à l'autre est trop important pour être significatif. Néanmoins, pour le médecin, elles restent utiles pour suivre son rythme de coucher et de lever, car comme elle le mentionne, "cela peut notamment faire réaliser aux utilisateurs qu'ils ont des horaires trop irrégulières, ce qui est mauvais pour la santé et le sommeil." Ces applications seraient donc davantage à utiliser comme un carnet de bord, plutôt que comme un outil d'analyse. Quant à l'enregistrement des ronflements, il peut avoir un intérêt. De fait, certaines applications notifient leur utilisateur lorsque les sons émis sont trop irréguliers, et suggèrent même une possible apnée du sommeil. Il ne s'agit en rien d'un vrai diagnostic, mais d'une indication qui peut inciter l'usager à consulter un médecin. Notez toutefois qu'il est important de choisir une application sommeil qui n'envoie ni signal lumineux, ni notification, ni bruit pendant la nuit, afin de ne pas perturber votre sommeil.
Le manque de sommeil n'est pas sans conséquence. Le manque de sommeil est néfaste pour la santé. Il peut provoquer, entre autres et à court terme, des pertes de mémoire, une émotivité plus importante, des difficultés à se concentrer, une augmentation de l'appétit, et une diminution du système immunitaire. A long terme, le manque de sommeil augmente les risque d'AVC, de maladies cardiaques, et même de diabète et d'obésité. Certaines études montreraient même qu'il y a une augmentation des risques de cancer du sein et colorectal. Il est donc préférable de ne pas sacrifier ses nuits, elles sont sacrées !
Certains problèmes de sommeil sont passagers mais d'autres nécessitent une prise en charge médicale, que ce soit au sein d'un centre de sommeil, ou en thérapie comportementale cognitive. "Si vous avez du mal à vous endormir, que vous vous réveillez pendant la nuit, que vous vous réveillez trop tôt, et que vous n'arrivez pas à récupérer, il faut consulter un médecin", insiste Sylvie Royant-Parola.
On éteint tout, et au dodo ? L'heure du coucher peut être rythmée de petits rituels censés nous aider à nous endormir, comme écouter de la musique, regarder un film, ou même garder une source de lumière. Sauf que, techniquement, ces habitudes auraient plutôt tendance à repousser notre heure d'endormissement, et ne serait pas vraiment une aide. "Pour dormir il faut se mettre dans sa bulle. Le meilleur sommeil, pour presque tout le monde, est dans le noir et sans bruit", précise Sylvie Royant-Parola. En outre, il est préférable de faire attention aux écrans, et surtout à leur lumière, donc de penser à déconnecter.
Conseils. Tenir un agenda de votre sommeil en notant vos heures de coucher et de lever, peut vous aider à avoir une idée plus concrète de votre rythme de sommeil. En cas de problèmes persistants, vous pouvez remplir le questionnaire du sommeil du Réseau Morphée, et l'apporter à votre médecin traitant pour un avis.