Glyphosate (Roundup) : France, danger, un risque de cancer ?

Désherbant bon marché, le glyphosate (produit phare du Roundup de Monsanto) est l'herbicide le plus vendu en Europe. Suspecté d'être mauvais pour la santé et notamment cancérigène, son utilisation est largement controversée en Europe et en France.

Glyphosate (Roundup) : France, danger, un risque de cancer ?
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Le glyphosate, produit phare du Roundup de Monsanto, est un herbicide utilisé pour éliminer les "mauvaises herbes" et plantes indésirables au niveau des arbres fruitiers, des vignes, des cultures du blé ou du colza, des voies ferrées, des sites industriels... Etant bon marché, le glyphosate entre également dans la composition de plus de 750 produits commercialisés par plus de 90 fabricants. Problème : des résidus de ce pesticide peuvent être retrouvés dans nos cours d'eau, mais aussi dans notre alimentation et avoir des effets sur notre santé, probablement cancérigènes. Retour sur l'histoire de cette substance largement controversée. 

C'est quoi le glyphosate ?

Le glyphosate est un désherbant, mais pas n'importe lequel : c'est l'ingrédient du produit phare de la firme américaine Monsanto, le Roundup. Breveté dans les années 70 et tombé dans le domaine public au début des années 2000, cet "herbicide total" (c'est-à-dire qui attaque toutes les plantes sans faire de distinction) est utilisé par des entreprises, des particuliers, sur des terrains industriels, agricoles, mais aussi sur les voies ferrées. 

Le glyphosate est-il autorisé ou interdit en France ?

L'utilisation du glyphosate est actuellement autorisée dans l'Union européenne jusqu'au 15 décembre 2023. Passé cette date, son autorisation en Europe devra faire l'objet d'un renouvellement. Jusqu'à cette date, le glyphosate peut donc être utilisé comme substance active dans les produits phytopharmaceutiques (PPP), sous réserve que chaque PPP soit autorisé par les autorités nationales de chaque pays après une évaluation de sa sécurité. De son côté, la France a élaboré un plan visant à interdire complètement le glyphosate d'ici 2023, avec des étapes intermédiaires de réduction de son utilisation. Cependant, il y a des dérogations pour certaines utilisations spécifiques, sous réserve de garanties environnementales et sanitaires.

Quels sont les dangers du glyphosate pour la santé ?

Plusieurs études scientifiques ont suggéré que le glyphosate pouvait présenter des risques pour la santé humaine. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le glyphosate comme "probablement cancérogène pour l'homme" en 2015. Cette classification était basée sur des études animales et épidémiologiques suggérant un lien entre le glyphosate et certains types de cancer, en particulier le lymphome non hodgkinien. D'autres organismes, tels que l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA), ont toutefois émis des avis différents et ont conclu que le glyphosate n'était pas un cancérigène humain établi. Par ailleurs, certaines recherches ont suggéré que le glyphosate pourrait perturber le système endocrinien, en particulier en interférant avec les hormones sexuelles et thyroïdiennes. Cependant, ces conclusions restent controversées et nécessitent davantage de recherche. Toutes ces préoccupations ont contribué à la réduction massive de l'utilisation du glyphosate. Aussi, ce produit pose problème d'un point de vue environnemental : son utilisation intensive peut entraîner la perte de biodiversité, la contamination des sols et de l'eau, ainsi que la résistance des mauvaises herbes aux herbicides, avec un impact négatif considérable sur l'environnement et la durabilité agricole.

Photo du glyphosate (Roundup)

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Photo de produits Roundup contenant du glyphosate © Pixavril - stock.adobe.com

Dates-clefs de l'histoire du glyphosate

En mars 2015 : le glyphosate suscite l'inquiétude. En effet, il est suspecté d'être un "cancérigène probable", d'après le Centre international de recherche sur le cancer, branche de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) basée à Lyon.

En novembre 2015 : l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estime qu'il est "sans danger". 

En mai 2016 : un autre rapport des Nations Unies - dont fait partie l'OMS - estime le risque cancérigène comme "peu probable". De quoi semer un peu plus le trouble dans ce dossier. 

En juin 2016 : par précaution, 132 produits à base glyphosate contenant le co-formulant POE-tallowamine sont retirés du marché en France. Des risques inacceptables, notamment pour la santé humainene pouvant être exclus pour ces produits

► En décembre 2017 : la substance active glyphosate est ré-approuvée par l'Union européenne pour une durée de 5 ans, soit jusqu'à décembre 2022. Le règlement européen exige que des données supplémentaires soient fournies lors de l'évaluation des produits contenant du glyphosate, notamment les propriétés génotoxiques des produits contenant du glyphosate.

► En décembre 2018 : retrait du marché des produits sans dépôt de demande de renouvellement de leur autorisation de mise sur le marché.

► Le 10 mai 2019 : la Commission a nommé quatre États membres (France, Hongrie, Pays-Bas et Suède) pour agir conjointement comme "rapporteurs" pour la prochaine évaluation du glyphosate – ce groupe d'États membres est connu sous le nom de Groupe d'évaluation sur le Glyphosate.

► En décembre 2019 : les produits pour lesquels un manque de données ne permet pas de finaliser l'évaluation du potentiel génotoxique du produit sont retirés du marché.

► Le 1er septembre 2020 : retrait du marché des produits à base de glyphosate de la gamme amateurs, dans le cadre de l'interdiction en France d'utilisation et de détention de tous produits phytopharmaceutiques pour les usages non professionnels (mise en œuvre de la loi Labbé de 2017), à l'exception des produits de biocontrôle, à faible risque ou autorisés en production biologique.

► En octobre 2020 : l'Anses publie les résultats de son évaluation comparative des alternatives non chimiques au glyphosate qui a conduit à la modification des conditions d'emploi de ces produits dans le cadre des évaluations de leur demande d'autorisation de mise sur le marché. Verdict : l'utilisation du glyphosate est interdite dans les situations où il peut être substitué par une solution non chimique. Par exemple, le désherbage mécanique pratiqué entre les rangs des vignes et des arbres fruitiers, ou encore le recours à des zones enherbées. Dans le cas des grandes cultures, le labour entre deux cycles annuels de cultures permet de se passer de l'usage de désherbants chimiques.

► En décembre 2022, la Commission européenne proroge d'un an l'autorisation d'utilisation du glyphosate, jusqu'au 15 décembre 2023. Cette décision a été prise pour permettre à l'EFSA de terminer son examen par les pairs, qui doit être achevé en juillet 2023.

► En juillet 2023 : Les conclusions de l'examen par les pairs de l'EFSA sont transmises à la Commission européenne qui devra se prononcer sur le renouvellement ou pas de l'utilisation du glyphosate en Europe. 

  • Glyphosate : l’Anses publie les résultats de son évaluation comparative avec les alternatives non chimiques disponibles
  • Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA)
  • Glyphosate - Commission européenne