Perte auditive chez l'ado : une nouvelle norme pour les smartphones ?
Smartphones et lecteurs audio devraient être davantage sécurisés pour mieux protéger les jeunes des risques de déficience auditive. L'OMS et l'Union internationale des télécommunications (UIT) ont publié une nouvelle norme internationale pour la fabrication et l'utilisation de ces appareils.
Smartphones, musique à fond dans les oreilles, casques audio... Avec le développement des nouvelles technologies, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que près de la moitié des jeunes âgés de 12 à 35 ans (soit 1,1 milliard) risque une déficience auditive due à une exposition prolongée et excessive à des sons trop forts. Pour mieux protéger les adolescents et sécuriser leurs usages, l'OMS s'associe avec l'Union internationale des télécommunications (UIT) pour publier une nouvelle norme pour la fabrication et l'utilisation de ces appareils, dont les smartphones et les lecteurs audio. "Les jeunes doivent comprendre que s'ils perdent l'audition, elle ne reviendra plus. Cette nouvelle norme OMS-UIT permettra de bien mieux préserver ces consommateurs pendant qu'ils profitent de quelque-chose qu'ils aiment beaucoup", précise dans un communiqué le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS.
Quelles sont les nouvelles caractéristiques ?
A travers la nouvelle norme "Appareils et systèmes audio sans risque", l'OMS recommande aux fabricants de mettre en place un logiciel permettant de mieux repérer le seuil de "tolérance sonore" en fonction du niveau et de la durée de l'exposition. Les informations devront par ailleurs être personnalisées afin de permettre aux jeunes de connaître précisément le degré de sécurité avec lequel ils écoutent la musique. Enfin, pour limiter le volume sonore, des options pourront être développées, comme une réduction automatique du volume ainsi qu'un contrôle parental. L'OMS préconise également une meilleure information sur l'écoute sans risque, qu'il s'agisse d'appareils audio personnels, mais aussi d'une exposition à des sons bruyants comme dans les salles de spectacles et les concerts par exemple. Néanmoins, l'OMS précise que l'application de cette nouvelle norme est recommandée aux gouvernements et aux fabricants sur la base du volontariat. "La société civile, en particulier les associations professionnelles et ceux qui promeuvent les soins de l'audition, a aussi un rôle à jouer pour défendre la norme et sensibiliser le grand public à l'importance des pratiques d'écoute sans risque, pour que les consommateurs exigent des produits les protégeant contre la déficience auditive", précise l'OMS.
L'importance du dépistage précoce chez les plus jeunes
En France, la journée nationale de l'audition qui a lieu le 14 mars 2019, est l'occasion de rappeler l'importance d'un dépistage précoce, dès le plus jeune âge. En effet, certains enfants qui entendent à la naissance deviennent sourds en grandissant. Selon l'OMS, plusieurs causes peuvent provoquer une déficience de l'audition, dans le monde. "On estime que 40 % des cas sont attribuables à des causes génétiques, 31% à des maladies infectieuses telles que la rougeole, les oreillons, la rubéole ou la méningite, et 17% à des complications survenant à la naissance, dont la prématurité, l'insuffisance pondérale et l'ictère néonatal". De plus "4 % des cas de déficience auditive chez l'enfant sont dus à la prise par la femme enceinte et le nouveau-né de médicaments ototoxiques", précise l'OMS, qui recommande par conséquence de "faire vacciner les enfants contre certaines maladies et de réglementer l'usage de certains médicaments ainsi que les niveaux de bruit". Néanmoins, reconnaître les signes chez un bébé est plus compliqué, a déclaré le Pr Nathalie Loundon de l'Hôpital Necker Enfants Malades à Paris, lors d'une conférence de presse. Un enfant très sourd par exemple compense sa surdité par sa capacité d'observation. "Si on lance un objet et qu'il se retourne, il est probable qu'il ait repéré un geste près de lui, ou qu'il ait senti des vibrations sur le sol ce qui rassure faussement les parents, d'où l'importance d'un dépistage précoce", explique la spécialiste. "Généralement, un enfant atteint de surdité est très calme et les vocalisations réflexes ayant tendance à s’appauvrir au lieu de se développer peuvent alors être un signe de perte auditive", ajoute-t-elle.