L'armée fournit des antidotes aux hôpitaux en cas d'attaque chimique
Un arrêté a été publié au Journal Officiel afin d’autoriser l’utilisation de sulfate d’atropine en cas d’exposition à des gaz toxiques si une attaque chimique avait lieu en France. Explications.
L'arrêté publié dimanche au Journal Officiel est passé inaperçu. Il autorise, à titre dérogatoire, en vue de la COP-21 et du risque terroriste, l'acquisition, le stockage, la distribution, la prescription et l'administration de sulfate d'atropine injectable.
Qu'est-ce que le sulfate d'atropine ?
Sous forme de solution injectable (40mg/20ml), le sulfate d'atropine est un antidote dont dispose l'armée pour protéger ses troupes contre les intoxications aux gaz toxiques, tels que le gaz sarin. Il est d'ailleurs fabriqué par la pharmacie centrale des armées.
Pourquoi cet arrêté, maintenant ?
Il n'existe pas de stocks de cet antidote dans les hôpitaux qui permettent de l'utiliser en routine, en particulier par les SAMU. Comme le stipule l'arrêté, "les contraintes de fabrication et d'étiquetage ne permettent pas sa mise à disposition dans des délais compatibles avec l'organisation de la COP 21". En outre, "aucun autre médicament adapté à la prise en charge en urgence n'est à ce jour autorisé en cas d'exposition de personnes à des neurotoxiques organophosphorés."
Les attentats de vendredi ont-ils joué un rôle ?
Officiellement, selon la Direction générale de la Santé, la publication de l'arrêté n'a pas été motivée par les attentats qui avaient touché Paris et Saint-Denis quelques heures plus tôt. La mesure était déjà décidée, en vue de la COP-21. L'arrêté considère que "l'accueil sur le territoire français de la COP-21 du 30 novembre au 11 décembre 2015 ", ainsi que " l'accueil sur le territoire français d'un sommet de chefs d'Etat, préparatoire à la COP21, le 29 novembre 2015", dans un contexte de "risque d'attentats terroristes et d'exposition à des neurotoxiques organophosphorés" appellent des mesures d'urgence.
Comment agit le sulfate d'atropine ?
Les gaz utilisés lors des attaques chimiques agissent sur les inhibiteurs de l'acétylcholine, un neurotransmetteur du système nerveux, qui joue un rôle essentiel dans le fonctionnement des muscles : ces gaz entraînent une accumulation d'acétylcholine dans le cerveau, qui conduit rapidement à une paralysie de l'ensemble des muscles du corps, jusqu'à l'asphyxie. L'antidote injecté rapidement permet de contrer l'accumulation de la molécule dans le système nerveux. Précisons que l'administration doit obligatoirement être pratiquée par un professionnel de santé, contrairement aux solutions auto-injectables utilisées par l'armée.
Quelle quantité d'antidote va être délivrée ?
La quantité est en fait secrète. Selon le Lieutenant François, officier de communication du Service de santé des armées, interrogé par Le Monde, "nos ennemis ne sont pas supposés savoir combien de blessés nous anticipons."