Plus de 23 000 visites aux urgences aux Etats-Unis à cause des compléments alimentaires
Comprimés multivitaminés, pilules amaigrissantes, booster d’énergie… Ces compléments alimentaires ne sont pas aussi inoffensifs qu’ils n’y paraissent.
Les compléments alimentaires, les Français en raffolent. Surtout à l’approche de l’hiver, pour mieux résister aux microbes et diminuer leurs carences. Mais aussi, souvent, pour perdre du poids. Pourtant, les agences sanitaires les surveillent de près. Et pour cause : ils sont loin d'être anodins pour la santé.
Selon une étude de la Food and Drug Administration (FDA), l'agence des médicaments, et des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), la consommation de compléments alimentaires conduit plus de 23 000 personnes par an aux services d'urgences hospitaliers aux États-Unis. Parmi elles, 2000 donnent lieu à des hospitalisations. De quoi souffrent les patients ? De palpitations, de douleurs à la poitrine, de suffocations, de tachycardie ou d’autres problèmes cardiaques, survenant après l’ingestion des compléments alimentaires. La plupart des patients hospitalisés aux urgences sont jeunes : près d'un tiers (28%) sont en effet âgés de 20 à 34 ans, précise l’étude, publiée dans le New England Journal of Medicine. Pour obtenir ces résultats, les auteurs de l’étude ont analysé les données issues de 63 hôpitaux américains sur une période de presque 10 ans (2004-20013). Les compléments ou produits à base de plantes pour perdre du poids et ceux destinés à donner de l'énergie sont les plus fréquemment impliqués. Au total, ils représentent plus de 70% des visites aux urgences.
C'est la première étude qui révèle un nombre aussi élevé de problèmes de santé sérieux liés à la consommation de compléments alimentaires, une industrie qui pèse 32 milliards de dollars par an aux États-Unis et qui fait l'objet d'une surveillance accrue des autorités fédérales et de groupes de consommateurs.
Flou réglementaire. En France, un adulte sur cinq et un enfant sur dix consomment des compléments alimentaires. Leur marché est fleurissant et couvre tous les circuits de distribution, y compris Internet. Il faut dire que les compléments alimentaires bénéficient d’un flou de réglementation européenne : bien qu’un sur deux soit vendu en pharmacie, ils ne sont pas considérés comme des médicaments mais comme des aliments. Aussi, ils n’ont pas besoin d’autorisation de mise sur le marché et ne sont donc pas soumis aux mêmes études d’efficacité et de toxicité que les médicaments. Même chose aux Etats-Unis, aucun complément alimentaire ne requiert le feu vert de la FDA pour être commercialisé, contrairement aux médicaments. Pourtant, expliquent des experts, certains contiennent des substances pouvant avoir de puissants effets dangereux sur l'organisme. Mais leurs fabricants ne sont pas obligés d'apposer des avertissements sur les étiquettes. Alors, afin de renforcer leur sécurité, l'Agence française de l'alimentation (Anses) surveille depuis 2010 les signalements d'effets secondaires. En 2014, un rapport avait ainsi fait état de plus de 1500 signalements d'effets indésirables. Les compléments alimentaires "minceur" étaient impliqués dans 15 % des cas. Parmi les effets notifiés : des effets cardiovasculaires, mais aussi de graves troubles hépatiques, gastroentérologiques ou encore des allergies.
5 conseils pour limiter les risques.
- Rappelez-vous que les compléments alimentaires ne sont pas des produits anodins. Donc limitez leur consommation et parlez-en avec votre médecin surtout si vous souffrez d’une pathologie cardiaque.
- Ce ne sont pas non plus des médicaments "miracle" : en effet, ils contiennent des vitamines, minéraux, extraits de plantes, etc. à dose dites non thérapeutiques. En aucun cas donc, ils ne peuvent prétendre guérir tel ou tel symptôme.
- Si vous êtes fatigué à l’approche de l’hiver, demandez à votre médecin de vous prescrire un bilan biologique afin qu’il évalue vos éventuelles carences.
- Préférez toujours une alimentation équilibrée, à base de fruits et légumes de saison, à la prise de compléments alimentaires contre la fatigue ou contre le rhume.
- Conservez-les hors de portée et de la vue des enfants.