Cette psychologue révèle la seule façon de se libérer d'un passé douloureux sans culpabiliser

En psychologie, il n'y a pas d'âge pour se réconcilier avec son passé.

Cette psychologue révèle la seule façon de se libérer d'un passé douloureux sans culpabiliser
© Michael Heim - 123RF

Il est parfois difficile de faire face à ce passé qui continue de vous hanter. Peut-être ne parlez-vous plus à votre père depuis des années, ou ressentez-vous une culpabilité liée à une décision passée. "Le but n'est pas d'effacer ce qui s'est produit, mais plutôt de changer la place et la force que le passé a dans notre présent", nous explique d'emblée Nelly Pannuzzo, psychologue et co-fondatrice de Let's Tolk, service de psychologue en ligne. Un passé non traité reste figé en nous et continue d'influencer nos comportements. L'enjeu est de choisir la place qu'on laisse au passé : ne pas en être gouverné, et réduire son pouvoir d'orientation au profit de décisions présentes cohérentes avec nos valeurs.

Pour entamer ce travail, il faut d'abord plonger en soi. "Concrètement, on va dresser une "cartographie" de nos blessures en se posant des questions essentielles : "Qu'est-ce que ça me fait ressentir aujourd'hui ? Comment je réagis par rapport à tel événement ?" Pour reprendre l'exemple d'un parent auquel on ne parle plus, pourquoi la simple mention du nom de votre père déclenche-t-elle chez vous une colère sourde ? L'objectif est de mettre des mots sur ces émotions pour comprendre les schémas qui se répètent. "Cette cartographie s'éclaire avec le triptyque Émotion/Cognition/Comportement : reconnaître ce que l'on ressent (émotion), observer ce que l'on se dit (cognition) et voir ce que l'on fait en réaction (comportement). Comprendre comment ces trois dimensions s'alimentent mutuellement permet déjà d'en desserrer l'emprise", décrit notre experte. Ce travail, bien que possible seul, peut être très intense et gagne à être accompagné par un professionnel de la santé mentale.

Une fois cette compréhension acquise, vient l'étape de l'exposition, qui doit se faire doucement et progressivement. Il ne s'agit pas de vous forcer à passer un week-end chez vos parents, mais d'y aller petit à petit. La psychologue propose par exemple de commencer par "aller boire un café" pour que votre cerveau comprenne que vous n'êtes plus l'enfant vulnérable d'autrefois, que vous êtes aujourd'hui un adulte, "sécurisé et qu'il n'y a pas de danger". Le contexte a changé, vos ressources et vos limites aussi. Cette exposition progressive n'est pas une épreuve imposée mais une expérience graduelle qui permet de réécrire le scénario émotionnel et de transformer les peurs passées en force pour affronter l'avenir. Si la réconciliation avec l'autre personne n'est pas possible ou extrêmement difficile, l'écriture thérapeutique peut aussi apporter une réparation externe. "Écrire une lettre sans l'envoyer permet de dire ce qui n'a pas pu être dit, de libérer les émotions et d'apaiser une partie de la souffrance", rassure notre interlocutrice.

Il est crucial de comprendre que la réconciliation n'est pas toujours possible ni souhaitable, surtout si l'autre personne reste toxique. "Il ne faut pas espérer un pardon ou une réconciliation à tout prix", insiste la psychologue. Se reconnecter à ses valeurs permet de poser des limites fermes, de se dire "mes limites aujourd'hui sont claires." Si le cadre est dépassé, il faut savoir s'éloigner pour protéger votre bien-être. On distingue ainsi deux plans complémentaires : la réconciliation interne (toujours possible, car elle dépend de soi) et la réconciliation externe (conditionnelle, car elle suppose sécurité, respect et reconnaissance de la part de l'autre). "Au fond, la réconciliation véritable n'est pas une amnistie émotionnelle, mais une redistribution des rôles. Le passé garde sa place - il n'est ni nié ni sacralisé - mais sa force dans le présent diminue. Il devient repère, non pilote."