Une étude internationale révèle l'âge auquel les gens sont le plus malheureux : "On ne s'attendait pas à ça"

L'évolution du sentiment de bien-être qui suivait traditionnellement une courbe en "U" ou en "cloche" est totalement bouleversée.

Une étude internationale révèle l'âge auquel les gens sont le plus malheureux : "On ne s'attendait pas à ça"
© 123rf

Pendant longtemps, les chercheurs en santé mentale ont constaté que le sentiment de bien-être suivait une courbe en U : l'enfance et la vieillesse étant les périodes plus joyeuses, tandis que la quarantaine était la plus difficile pour le moral. L'image miroir de cette forme en U du bien-être est une forme "en bosse" du mal-être, culminant au milieu de la vie. Mais une vaste étude publiée dans la revue PLOS One menée auprès de plus de 10 millions d'Américains, 40 000 ménages britanniques et près de deux millions de personnes dans 44 pays, remet ce modèle de "bosse" en cause. Les auteurs ont été surpris de voir que l'âge du pic du mal-être n'est plus à 40 ans mais plus tôt : "Le mal-être subjectif diminue désormais avec l'âge" partagent-ils.

"Nous avons commencé à observer ce phénomène aux États-Unis, où nous avons initialement constaté que le désespoir a explosé chez les jeunes. Nous avons ensuite constaté la même chose au Royaume-Uni. Et nous l'observons désormais partout dans le monde", a partagé le Pr David Blanchflower, co-auteur de l'étude, au Times. "Notre article est le premier à montrer que le déclin de la santé mentale des jeunes au cours des dernières années signifie qu'aujourd'hui, le mal-être mental est le plus élevé chez les jeunes et diminue ensuite avec l'avancée dans l'âge."

Le déclin de la santé mentale des jeunes et la disparition globale de la forme de la bosse du malheur lié à l'âge
Le déclin de la santé mentale des jeunes et la disparition globale de la forme de la bosse du malheur lié à l'âge aux Etats-Unis © PLOSOne

Ce glissement est radical : le sommet de la courbe du mal-être ne se situe plus au milieu de la vie, mais bien plus tôt. Selon l'étude, c'est à 22 ans que les personnes sont les plus malheureuses, toutes générations confondues. Pourquoi ? Les auteurs évoquent plusieurs pistes, sans trancher définitivement. La Grande Récession de 2008 a durablement pesé sur les perspectives d'emploi des jeunes, avec des conséquences qui se sont prolongées pendant plus d'une décennie. Le sous-financement chronique des services de santé mentale dans plusieurs pays développés a également laissé des générations entières sans accompagnement suffisant. La pandémie de Covid-19, avec son lot de confinements, de ruptures scolaires, de précarité accrue, a renforcé ces fragilités. Enfin, l'usage massif des réseaux sociaux, qui s'est intensifié ces quinze dernières années, participerait à l'anxiété et au désespoir.

Les prochaines années diront si cette tendance se confirme ou si elle n'est que le reflet d'une génération particulièrement exposée à une série de crises. Quoi qu'il en soit, le constat est déjà clair : les adultes d'âge moyen ne détiennent plus le triste record du mal-être.