"Le surmenage ne fatigue pas, il dévitalise" : le symptôme à repérer avant de sombrer

"Les personnes concernées s'habituent et s'adaptent en conséquence" alors qu'il ne faut pas, explique la psychologue.

"Le surmenage ne fatigue pas, il dévitalise" : le symptôme à repérer avant de sombrer
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Le surmenage ne fait pas de bruit. Il s'infiltre dans le quotidien, porté par une accumulation de tâches, d'obligations, de pressions – surtout dans le cadre professionnel. À cela s'ajoute la charge mentale : enfants à gérer, maison à tenir, responsabilités multiples à concilier. Ce trop-plein finit par saturer le système nerveux. Quand les signaux d'alerte sont ignorés, le corps et le cerveau entrent en résistance. Et cette résistance a un coût.

Ce qui rend le surmenage insidieux, c'est qu'il touche souvent les personnes les plus investies. "Cet engagement envers le travail est nécessaire. Si le travail n'était pas important pour nous, nous n'arriverions probablement pas à dépasser nos limites", nous explique Catherine Vasey, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialiste du burn-out. L'épuisement se construit alors en silence. Jour après jour, l'hypervigilance s'installe. Le sommeil devient instable, l'irritabilité augmente, la concentration chute. Le stress, à ce stade, n'est plus un moteur : c'est un agresseur chronique qui épuise les ressources psychiques. Or "au-delà de 6 mois de résistance au stress, il y a un risque que l'organisme s'épuise" prévient la psychologue. Il ne s'agit pas seulement de fatigue mais d'un véritable effondrement psycho-émotionnel. D'où l'urgence de repérer les premiers signaux.

Les signaux du surmenage sont physiques, cognitifs et émotionnels. La personne surmenée présente : tensions musculaires (dos, mâchoire), troubles digestifs et/ou insomnies. "Le stress finit par affaiblir le système immunitaire, la personne peut aller jusqu'à tomber malade", ajoute Catherine Vasey. Sur le plan cognitif, elle a des difficultés de concentration, des pertes de mémoire et une sensation de "flou mental". Ces troubles compliquent l'organisation et poussent à compenser par des heures supplémentaires, renforçant le surmenage. Emotionnellement, la personne devient plus sensible, plus susceptible, entrainant des réactions inadéquates. "Les signaux de surmenage devraient alerter, malheureusement les personnes concernées vont s'y habituer et s'adapter en conséquence." Cette attitude entraine un cercle vicieux qui empêche de rétablir un équilibre.

Pour enrayer ce mécanisme infernal, l'entourage conseille souvent au proche surmené de se reposer, "mais c'est un piège", insiste la psychologue. Selon elle, le surmenage ne fatigue pas, il "dévitalise". "Se reposer ramène le patient à une vie de métro-boulot-dodo alors qu'il devrait privilégier le fait de se changer les idées loin du travail." Ce dont le patient surmené a besoin, c'est de changer d'air, de casser la routine. Par exemple, si le patient travaille dans un environnement bruyant, il conviendra de l'encourager à faire des activités au calme, pourquoi pas des sorties en pleine nature. Enfin, notre experte préconise de préserver une bonne hygiène de vie, en prenant soin de son sommeil et en pratiquant une activité physique régulière. "Le but est de permettre une récupération active pour retrouver de l'énergie au travail", conclut-elle.

Merci à Catherine Vasey, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialiste du burn-out, auteure de "Burn-out : le détecter et le prévenir" (éd. Jouvence).