"Le problème c'est vous, pas les autres" : voilà comment savoir si on est une personne toxique
Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne et psychothérapeute, nous révèle les signes pour prendre conscience de ses propres comportements.

Depuis quelques années, le terme "toxique" s'est largement répandu dans les conversations pour qualifier des relations ou des personnes. Mais "le concept est un peu flou", convient d'emblée Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne et psychothérapeute. Etre "toxique" ne veut pas dire être une mauvaise personne (en dehors du cas pathologique). "Dans une situation où elles se sentent en difficulté, les personnes toxiques vont agir d'une manière qui n'est pas saine, ni pour elles, ni pour l'autre" explique notre interlocutrice. Selon elle "on a tous des moments où on a des traits moins reluisants que d'autres. Quand on va mal ou quand on est en situation de stress extrême, on a tendance à être saturé, et dans ces cas-là, on peut se conduire de manière méchante, brutale, fuyante".
Ces conduites toxiques viennent de schémas dont nous n'avons pas pris conscience : blessures, croyances, traumatismes... Et sont souvent liées à l'enfance. Par exemple, si on a eu un parent possessif ou jaloux, on peut avoir plus tard une jalousie excessive ; si on a eu une communication agressive dans l'enfance cela peut nous mener à faire beaucoup de reproches aux autres... Au lieu de réagir en adulte, avec discernement, "vous allez avoir des conduites automatiques, des réflexes acquis plus jeune, les mêmes qu'ont pu avoir vos parents". Ainsi "un père peut être incroyablement toxique avec ses enfants alors qu'il les aime, parce qu'il n'a pas réalisé la colère qu'il avait envers son propre père" ajoute l'experte.
Comment savoir si on est toxique ? "Les personnes toxiques ne sont pas très conscientes d'elles-mêmes" prévient la spécialiste. Pour autant, on peut se dire qu'on a une attitude toxique "quand on s'interdit d'être la personne qu'on est vraiment". Exemple : lors d'une rupture, on fait tout pour retenir son/sa partenaire quitte à avoir des comportements qui ne nous ressemblent pas ou "on sabote une relation amoureuse parce qu'on ne pense pas mériter cet amour ou par peur de l'engagement" alors qu'on aime cette personne et qu'on se sent bien avec elle. "Quand on a l'impression de jouer un rôle, de ne pas être soi, ce n'est pas bon signe", ajoute-t-elle. Cela vaut en amour, en amitiés, en famille, au travail...
Par ailleurs "la personne toxique a tendance à se remettre dans des schémas qui ne fonctionnent pas". Par exemple, si ses partenaires ont tendance à s'accrocher à elle et qu'elle porte leurs souffrances, ce n'est peut-être pas eux qui souffrent d'une dépendance affective, mais elle qui a un mécanisme toxique du syndrome de l'infirmière. Il faut alors se demander : "Quelle est la part de moi qui a rendu possible le fait que cette situation se reproduise ?" Pour la psychologue, il est possible de changer, mais il faut travailler sur soi. "On ne peut transformer ce qu'on n'accepte pas. Tant qu'on nie quelque chose, le problème grandit." Elle conseille d'identifier la part personnelle d'une toxicité et ses origines, avant d'entrer en introspection pour reconnaitre les schémas et ne plus les reproduire. La consultation avec un professionnel de santé peut aider à accompagner ce processus.
Merci à Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne et psychothérapeute et auteure de "Se libérer de son moi toxique" (éd. Larousse).