Les personnes critiquées dans leur enfance affichent souvent ce comportement à l'âge adulte
Les critiques laissent des traces...

Un enfant qui entend constamment des remarques désobligeantes sur son apparence ou son comportement finit par les intérioriser. Résultat, il développe progressivement des mécanismes de défense et des traits de personnalité spécifiques. "Les personnes qui ont été critiquées durant leur enfance présentent souvent une peur de l'abandon puisque le climat d'insécurité dans lequel elles ont grandi a pu les amener à développer une forme d'hypersensibilité au rejet, des angoisses autour de l'affectivité et, de façon réactive, une forme de dépendance affective", remarque Sébastien Garnero, psychologue clinicien, psychothérapeute et sexologue. Quelqu'un qui souffre de la peur de l'abandon a besoin d'être rassuré en permanence, ce qui peut nuire à ses relations personnelles et professionnelles.
Souvent ces personnes ont aussi un problème d'estime de soi et de confiance en soi. "Elles ont du mal à prendre conscience de leurs qualités, elles doutent de leurs capacités en permanence, présentent une forte sensibilité à l'échec et ont un besoin constant d'être validé. Cela les amène à adopter des attitudes d'idéalisation et de perfectionnisme, elles cherchent toujours à être au top et s'inscrivent parfois dans une angoisse de la performance", décrypte le spécialiste. De même, par manque de confiance en elles, ces personnes ont le sentiment de ne jamais être à la hauteur, de ne pas parvenir à être le sujet de sa vie, de ne pas mériter nos réussites, c'est ce que l'on appelle le "syndrome de l'imposteur". "Ce sentiment d'indignité peut pousser à l'auto-sabotage et empêcher d'atteindre ses objectifs. On vit dans la peur constante que les autres nous rejettent, on s'inscrit dans un schéma d'ultra dépendance, on a l'impression qu'on ne peut rien faire seul", développe notre expert.
Parmi les autres traits de personnalité caractéristiques, les personnes critiquées pendant l'enfance ont du mal à se positionner, à poser des limites claires et à entretenir des relations sociales et amicales saines puisque qu'elles s'inscrivent entre la fusion et le retrait. Elles ont aussi du mal à avoir des relations amoureuses stables par crainte de ne pas être validé, d'être rejeté. Certains développent une forme de dépression masquée ou névrotique marquée par un manque d'estime de soi, des doutes permanents, des formes d'inertie, de procrastination et de fatigue assez intense. "D'autres souffrent d'un trouble anxieux généralisé avec des attaques de panique et une anticipation constante des problématiques, persuadées que le pire va se produire. D'autres encore ont des TOC ou présentent une certaine tendance à la rigidité, un besoin de contrôle et de perfectionnisme", ajoute Sébastien Garnero.
Pour s'en sortir, il est essentiel d'identifier les schémas dans lesquels on s'est enfermé. La thérapie cognitive et comportementale (TCC) est cruciale pour prendre conscience de ses croyances, travailler sur l'estime de soi, les problématiques d'anxiété ou de d'expressivité, apprendre à poser des limites claires entre soi et les autres et se libérer des comparaisons sociales.
Merci à Sébastien Garnero, psychologue clinicien et sexologue.