Voici l'âge auquel on est le plus malheureux, selon une étude

Dans la conscience collective, le bonheur est associé à la jeunesse. "L'enfant marche joyeux, sans songer au chemin ; il le croit infini, n'en voyant pas la fin", écrivait Alfred de Musset ou encore "Rien n'est trop difficile pour la jeunesse", disait le célèbre philosophe Socrate il y a des millénaires. Pour autant, l'idée que l'on est plus heureux quand on est jeune semble aujourd'hui désuète et le modèle traditionnel du bonheur est en train de changer, affirment des chercheurs américains.

La courbe du bonheur qui semblait suivre "une forme de U" - concrètement le bonheur atteint son plus haut niveau pendant la vingtaine, suivi d'un déclin progressif à l'âge mûr (~ 40 ans), puis d'une hausse après 60 ans - a disparu et est "remplacée par une crise du bien-être chez les jeunes", constatent les chercheurs dans un document commandé par l'Organisation des Nations Unis (ONU) et publié par le National Bureau of Economic Research des États-Unis. Le niveau de satisfaction de vie et de bonheur chez les jeunes adultes, surtout chez les jeunes femmes, semble s'être effondré depuis une dizaine d'années et encore plus depuis 2020, année du début de la pandémie de Covid-19. 

Parmi les causes potentielles de ce mal-être, les chercheurs citent la croissance d'Internet, des smartphones et des réseaux sociaux, mais aussi le déclin des interactions sociales. "Les jeunes sont devenus isolés [...] ils sortent moins, ne jouent plus avec leurs amis, n'interagissent plus avec les autres et n'ont plus autant de relations sexuelles qu'avant. Ils sont profondément désemparés et en difficulté", rapporte David Blanchflower, auteur principal de l'étude. D'autres études pointent également du doigt l'instabilité de l'emploi et la crise climatique. Ce qu'on appelle communément "la crise de la quarantaine" serait aujourd'hui vécue plus tôt, avec un pic de "désespoir" et de mauvaise santé mentale à l'âge de 20 ans (voir le graphique à droite). Ensuite, la satisfaction de vie semble augmenter avec l'âge jusqu'à atteindre son maximum aux alentours de 70 ans.

"Je ne pense pas qu'il y ait le moindre doute sur le fait que nous sommes face à une crise mondiale absolue. La question est maintenant de savoir ce que nous pouvons faire pour y remédier", poursuit le chercheur. Il devrait continuer à explorer les raisons du malheur croissant et de la santé mentale en déclin des jeunes adultes.