"J'ai peur d'un attentat" : les Jeux Olympiques sont aussi une source d'anxiété

Si pour certains, les JO sont avant tout la perspective d'une grande fête sportive, d'autres se montrent particulièrement inquiets quant à l'afflux de visiteurs dans la Capitale.

"J'ai peur d'un attentat" : les Jeux Olympiques sont aussi une source d'anxiété
© 123rf-oseh51

A peine un Français sur deux se dit confiant dans la capacité de la France à assurer la sécurité des personnes à proximité des épreuves des Jeux Olympiques qui commencent le 26 juillet prochain, selon une étude YouGov Surveys réalisée en juin 2024 auprès de 1 049 adultes représentatifs de la population française. Vols, dégradations, mouvements de foule, violences sont pour eux autant de sujets de préoccupations.

Pour certains, le sujet est devenu un véritable motif d'anxiété. C'est le cas de Noémie, 32 ans, qui témoigne d'une crainte d'un engorgement des transports publics et des conséquences pour les voyageurs : "J'angoisse vraiment à l'idée de bousculades dans les rames du métro ou du RER et sur les quais. Je redoute aussi bien les malaises qui peuvent survenir parce qu'il y a trop de monde et qu'il fait chaud que les chutes sur les voies. J'ai peur de me faire bousculer, d'être poussée, de tomber… " explique la jeune femme précisant que ces craintes l'on amenée à prendre la décision de poser ses congés durant les Jeux afin de ne pas être contrainte d'emprunter le RER pour faire son chemin habituel entre Versailles et Paris : "L'angoisse est montée dès mars-avril et elle est telle que je me suis arrangée pour que mes vacances tombent à ce moment-là. Je ne veux ni me gâcher des nuits de sommeil, ni prendre le moindre risque."

"Il en faut peu pour que les gens s'emportent et que les choses s'embrasent"

De son côté, Farid, 40 ans, se rappelle des incidents qui ont eu lieu aux abords du Stade de France en marge du match Real Madrid et Liverpool en 2022. Ainsi, il redoute les violences commises par les supporters : "Je suis très inquiet d'une forme de pagaille liée à l'afflux de spectateurs. Vraiment, j'ai peur que la fête ne se transforme en véritable chaos du fait de personnes qui n'auraient pas pu accéder aux épreuves ou qui auraient un peu trop bu. Il en faut peu pour que les gens s'emportent et que les choses s'embrasent." Il regrette de ne pas avoir pu prendre ces vacances durant la période des JO : "Pour l'heure, même si j'ai un peu la boule au ventre en y pensant, je ne pense pas modifier mes itinéraires quotidiens. Mais en fonction de la tournure des choses, je demanderai peut-être à me mettre en télétravail ou je prendrai ma voiture pour aller au bureau."

"Le monde entier aura les yeux tournés vers la France alors même que la population est déchirée"

Quand on évoque les JO avec Claire, 26 ans, elle pense, pour sa part, au risque d'attentat : "Ce serait le moment "parfait" pour toucher le plus de monde et je vois pas comment on peut tout sécuriser pour éviter ce genre de catastrophe. Cela me glace le sang. Imaginez une explosion dans le métro bondé ? Une attaque comme celle du Bataclan dans un stade ? C'est cauchemardesque comme idée." Elle redoute également, au vu du contexte politique, des manifestations violentes et des débordements. "Le monde entier aura les yeux tournés vers la France alors même que la population est déchirée. Ça ressemble à une période idéale pour que la colère se transforme en émeutes." Elle poursuit : "Je me suis un peu renseignée sur la sécurisation des lieux et même si je n'y connais rien, je trouve cela insuffisant - mais peut-être, au vu de mon anxiété, que tout me semblerait insuffisant." Quoiqu'il en soit, Claire est bien décidée à éviter la région parisienne fin-juillet/début août : "Je serai en vacances en plein cœur de la Normandie, soulagée d'être loin de la foule."

Pour Julia, 45 ans, l'afflux de population à Paris fin juillet rime avant tout avec risque de rebond majeur de l'épidémie de Covid. "J'ai développé un Covid long en 2020 suite à une infection au virus. Cela me rend particulièrement sensible au sujet d'autant que je reste handicapée par différentes pathologies associées. Alors, le gros brassage de population et qui plus est à un moment où les chiffres d'infections sont à la hausse me font vraiment redouter une nouvelle vague très importante. Même si je prends toutes les précautions, je suis très angoissée à l'idée d'être à nouveau contaminée et que cela affecte ma rémission déjà bien trop longue. Être à nouveau affaiblie par la maladie serait catastrophique pour moi. J'ai peur aussi pour les autres : rares sont désormais ceux qui se soucient du virus et qui font attention."

Signalant qu'elle restera masquée dans tous les lieux publics clos et bondés et qu'elle évitera le centre de Paris, Julia explique également qu'elle redoute que ses rares déplacements ne deviennent un véritable calvaire : "La présidente de la région a dit quelque chose comme ‹ il ne faudra pas avoir peur de marcher › pour expliquer que les parisiens devront parfois descendre deux ou trois stations avant la leur et qu'ils devront privilégier les déplacements à pieds. Mais pour moi qui souffre de fatigue chronique et de malaise post-effort, c'est tout simplement impossible. C'est déjà un énorme challenge que de prendre le métro mais s'il faut que je marche davantage, je risque d'outrepasser mes limites physiques et de m'épuiser. Je ne vais tout de même pas demander à d'autres voyageurs de me porter si je ne tiens plus sur mes jambes ! Ne pas pouvoir emprunter les transports signifie pour moi ne pas pouvoir aller travailler - je suis en mi-temps thérapeutique, et ne pas pouvoir me rendre à mes séances de kinésithérapie. J'ai vraiment l'impression que l'organisation de ces Jeux laisse de coté les personnes handicapées, malades et âgées." Si rien n'est encore décidé, Julia témoigne de son souhait de quitter la Capitale pendant une quinzaine de jours sinon davantage afin d'éviter à la fois une contamination et des trajets éprouvants.