"Nous sommes une famille HPI"
Avoir un haut potentiel intellectuel (HPI) est plutôt rare... sauf dans la famille d'Aurore. Témoignage.
Une personne avec un Haut Potentiel Intellectuel (HPI) peut avoir plusieurs profils mais la caractéristique commune aux HPI est d'avoir une intelligence cognitive supérieure à la moyenne, avec un quotient intellectuel supérieur ou égal à 130. Certains le vivent mal ou le cachent, par crainte d'être jugé. Pour d'autres, avoir été identifié HPI a permis de mieux se comprendre. C'est le cas d'Aurore, 36 ans, mère de deux enfants également à haut potentiel intellectuel.
Aurore a été identifiée HPI à l'école, en CE1. "J'avais la chance d'être dans une classe avec un double niveau et un corps enseignant à l'écoute. Par rapport à mes camarades de CE1, j'étais en avance, je finissais mes exercices avant les autres. Une fois les exercices terminés, j'écoutais et je comprenais le cours des CE2. Une fois identifiée, j'ai terminé les deux derniers mois de l'année en CE2. Je n'ai pas vu de différence de niveau et je ne me sentais pas en difficulté. C'était fluide et naturel pour moi" nous raconte-t-elle. Pour confirmer son haut potentiel intelectuel, elle a passé le test de WISC-V chez une psychologue. "J'en ai un souvenir très clair. Je me disais que c'était facile, voire rigolo. La psychologue me posait beaucoup de questions auxquelles je devais répondre. Elle me demandait de définir des mots ou de répondre à certaines questions, comme "à quoi sert le timbre". Le test est divisé en plusieurs catégories, avec une partie langagière, une partie comprenant le positionnement dans l'espace, de la culture générale et des tests de vitesse de mémorisation."
"À l'âge de 4 ans, elle connaît son alphabet par cœur et compte jusqu'à 50"
"Quand la psychologue m'a dit que j'étais à haut potentiel intellectuel, je l'ai très bien vécue. J'ai trouvé ça libérateur de pouvoir mieux me comprendre, me connaître. Je comprenais pourquoi j'avais ces facilités d'apprentissage et comment avancer. Finalement, j'ai été réconfortée de le savoir. Désormais, à l'âge adulte, je comprends mieux mes réactions et mon besoin continuel d'avoir des projets annexes. Aujourd'hui, je m'accepte volontiers." Le plus étonnant dans le cas d'Audrey est qu'elle n'est pas la seule à être HPI dans sa famille. "Mon frère est également identifié HPI, mais avec un profil plus hétérogène et plus complexe que le mien. À l'école, il avait des difficultés. Enfant, il posait des questions qui n'étaient pas de son âge et avait des connaissances pointues sur le système solaire. Mes deux enfants sont également à haut potentiel intellectuel. Ma fille a un profil similaire au mien : elle est très scolaire, posée, avec une aisance relationnelle. Grâce à son intelligence émotionnelle, elle mène ses propres négociations haut la main ! À l'âge de 4 ans, elle connaît son alphabet par cœur, compte jusqu'à 50…" En revanche, elle ignore tout des planètes, ce qui n'est pas le cas du fils d'Aurore. "Mon fils a un profil similaire à celui de mon frère. Très curieux et très éveillé, à 3 ans, il posait des questions non adaptées à son âge, sur le Big Bang, sur l'univers ou sur la mort. Il connaissait tout des pompiers et feuilletait des livres qui n'étaient pas du tout de son âge, comme les encyclopédies."
Finalement, comment vit-on dans une famille HPI ? Une partie d'échecs à la vitesse de la lumière au quotidien ? Non. Un suivi a dû être mis en place pour le fils d'Aurore, qui devait impérativement endosser un profil scolaire. "L'écriture par exemple était presque une phobie pour lui. Sa motricité n'était pas aussi rapide que son cerveau, ce qui a créé des distorsions au niveau de ses gestes graphiques. Pendant deux ans, il a été suivi par un psychomotricien et par un orthoptiste pour la localisation dans l'espace. Certains profils HPI nécessitent un lourd suivi, notamment pour s'adapter à l'école" confesse Aurore.
Aussi, elle encourage les parents et le corps enseignants à éviter de faire l'amalgame entre problèmes comportementaux et haut potentiel intellectuel. Parfois, il est très difficile pour les enfants HPI de rentrer dans une case et cela engendre beaucoup d'inconfort et de mal-être chez eux. "L'accompagnement des parents est important et nous ne pouvons pas prétendre qu'un enfant est HPI s'il n'a pas réalisé les tests chez un professionnel." De manière générale, Aurore et sa famille sont aujourd'hui épanouies. "Nous avons une vie de famille très riche. Dans la vie d'adulte, je pense qu'il faut surtout s'écouter pour mieux se connaître et ne pas se laisser faner."