En faire trop au travail n'est pas toujours bon signe : les symptômes cachés du burn-on

Les personnes en "burn-on" sont très impliquées professionnellement donnant l'impression d'être épanouies dans leur travail. La réalité est toute autre...

En faire trop au travail n'est pas toujours bon signe : les symptômes cachés du burn-on
© djoronimo - stock.adobe.com

Le burn-on (aussi appelé "burn-in") est un terme qui n'est pas très fréquent dans le langage courant et parmi les psychiatres et psychologues. Pour autant, ses signes cliniques s'apparentent à ceux "d'une dépression cachée". "Selon moi, il s'agit plutôt de l'étape qui survient juste avant un burn-out (ou "surmenage" en français)", prévient Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne. Mais attention, c'est un schéma comportemental insidieux et pas toujours visible qui peut souvent être confondu avec une grande motivation au travail. "Les personnes en "burn-on" sont si productives et impliquées professionnellement, qu'on a l'impression qu'elles sont épanouies dans leur travail. Mais ça cache souvent une profonde détresse : elles sont souvent sur le fil du rasoir, au bord de la rupture et de l'épuisement. Malgré cela, elles continuent de travailler, voire même de se tuer (toujours plus) à la tâche. Et d'ailleurs, on peut en souffrir des mois voire des années sans s'en rendre compte..."

Les 5 comportements typiques d'un burn-on

Cette volonté de travail extrême et ce besoin d'en faire toujours plus se manifestent par :

  1. Venir tôt et rester tard au travail et/ou faire des heures supplémentaires
  2. Emporter du travail chez soi
  3. Travailler le weekend, pendant les vacances et/ou ne pas prendre de vacances du tout
  4. Répondre à ses mails à n'importe quelle heure
  5. Minimiser la fatigue ou l'imputer à d'autres facteurs que le travail

Quels sont les risques d'un burn-on ?

Généralement, ces personnes reçoivent les compliments et les éloges de leur supérieur sur leur productivité, ce qui nourrit leur sur-implication et les pousse à encore plus travailler. Mais au bout d'un moment, la reconnaissance ne leur suffit plus et l'épuisement émotionnel et physique prend le dessus, et cela peut aboutir à un réel burn-out. Les conséquences peuvent être une hypersensibilité, une fatigue extrême, des troubles du sommeil, un isolement social, une baisse d'estime de soi ou une dévalorisation, une incapacité à se rendre au travail...

Quelles solutions pour sortir d'un burn-on ?

"Certes, le travail fait partie intégrante de notre identité. C'est donc normal, voire même souhaitable d'être motivé et impliqué dans son travail. Mais, lorsque cette implication est tellement grande qu'elle a des conséquences néfastes sur sa vie personnelle ou sa santé (physique ou mentale), il faut stopper ce schéma", observe notre experte. Pour s'en sortir, cela passe par :

Ecouter ses proches. Quand le déni persiste, c'est souvent le conjoint, la famille, les amis, voire même les collègues qui alertent sur la potentielle survenue d'un burn-on. Aussi, un premier pas pour enrayer le processus de burn-on consiste à reconnaître les signaux d'alarme, cités ci-dessus. 

Se fixer des limites et des objectifs réalistes et éviter de ramener du travail à la maison ou de vous connecter à votre messagerie en dehors des heures (officielles) de bureau. Pour respecter au mieux ses limites, organiser une liste de tâches réaliste par priorité ou échéance. 

Faire attention lors des entretiens d'embauche. "Les jeunes travailleurs et les nouveaux salariés dans une entreprise sont particulièrement à risque de burn-on. Certains patrons peuvent rechercher ce type de salarié ou travailleur dans le sens où ils sont capables d'absorber et d'abattre une importante charge de travail et disent rarement "non", prévient notre interlocutrice. Par exemple, méfiez-vous des listes de responsabilités ambiguë (ou trop longue) ou d'un manque de clarté autour des horaires de travail. Assurez-vous d'avoir une vision d'ensemble du poste et des tâches quotidiennes qui vous seront confiées, à la prise de poste comme par la suite, mais renseignez-vous aussi sur la culture de l'entreprise. Demandez, dès l'entretien d'embauche si possible, ce que le manager attend de vous, quel est le plus gros challenge auquel vous serez confronté... 

Déjouer les pièges des "métiers passions" : à trop aimer ce que l'on fait, le risque est de ne pas mettre de limites et consacrer tout son temps à son travail. Et comme ce dernier est plaisant, il est facile de considérer qu'on ne travaille pas vraiment, notre métier brouillant les frontières entre le personnel et le professionnel, devenant parfois source de souffrance à cause d'un trop grand engagement.

Consulter son médecin traitant pour voir si un accompagnement psychologique est nécessaire.