Oeufs contaminés : quels sont les risques ?
Après la présence de fipronil dans des œufs, une nouvelle substance a été mise en cause, l'amitraze. Bien que le risque d'effets sanitaires reste "très faible" selon l'Anses, le ministère de l'Agriculture prend des mesures de précaution en retirant les produits du marché. Quels sont les risques et les produits concernés ? On fait le point.
[Mise à jour du 28 août 2017]. Depuis le mois d'avril, des milliers d'œufs contaminés au fipronil ont été importés depuis les Pays-Bas et la Belgique, puis mis en vente sur le marché français. Dimanche 27 août, 15 pays de l'Union Européenne, ainsi que Hong Kong et la Suisse seraient concernés par ces œufs contaminés. Cette substance active insecticide et acaricide est "autorisée comme antiparasitaire dans les médicaments vétérinaires pour les animaux de compagnie, mais ne l'est pas pour le traitement des animaux d'élevage dont les produits sont destinés à la consommation", précise l'Anses dans un communiqué. Le fipronil a donc été utilisé frauduleusement dans les élevages des Pays-Bas et de Belgique pour traiter les poux rouges des poules. Le 20 juillet dernier, les autorités belges ont informé la Commission européenne de la présence du fipronil dans des œufs et des viandes de volailles pondeuses provenant de ces deux pays.
L'Anses se veut rassurante. Pour l'heure, de nombreux œufs contaminés ont déjà été consommés. Quels sont donc les risques pour la santé ? Saisie par les ministères en charge de l'agriculture, de la santé et de la consommation, l'Anses a mené une évaluation des risques liés à la consommation de ces œufs. Elle rappelle tout d'abord que la toxicité du fipronil est plutôt modérée et que les effets observés chez l'homme sont généralement bénins. "Des niveaux de dose de l'ordre de 10 fois la dose de référence aigüe n'ont conduit qu'à des symptômes bénins et réversibles, notamment des troubles digestifs, y compris chez l'enfant. L'exposition répétée au fipronil n'a pas non plus montré d'effets préoccupants, seulement des signes locaux bénins", précise l'Anses. Par ailleurs, selon des données expérimentales, des effets neurotoxiques et notamment des convulsions peuvent survenir, mais "ce type d'effet n'a pas été observé dans les cas d'ingestion directe accidentelle de produit à base de fipronil recueillis par les centres antipoison français dans le cadre de la toxicovigilance", précise le communiqué.
L'Anses a également défini la quantité maximale d'œufs pouvant être consommée en une seule fois sans s'exposer à un risque aigu. Il faudrait alors, à un adulte, consommer plus de 10 œufs par jour pour être exposé. Néanmoins, cette consommation varie selon l'âge et le poids de la personne. Par conséquent, le risque ne peut être exclu en cas de dépassement de ces niveaux de consommation maximale d’œufs. "Cependant, compte tenu des concentrations de fipronil observées à ce jour dans les produits contaminés, et considérant la caractérisation des dangers de cette substance, le risque de survenue d'effets sanitaires apparaît très faible", conclut l'Anses.
L'amitraze, un nouvel insecticide pointé du doigt. Le 23 août, le gouvernement néerlandais a révélé la présence d'un autre insecticide dans les élevages de poules. Considéré comme étant "modérément toxique", l'amitraze est autorisé en tant que médicament vétérinaire pour traiter les parasites des porcs ou des ruminants, mais il ne peut être utilisé sur des volailles. Lors d'un point presse qui a eu lieu le 25 août au ministère de l'Agriculture à Paris, Loïc Evain, directeur général adjoint de l'Alimentation, a rappelé que cette molécule n'a tout simplement pas obtenu l'autorisation de mise sur le marché pour la filière volaille. L'amitraze "est interdite parce qu'elle n'est pas autorisée, elle n'est pas interdite parce qu'elle est dangereuse", a-t-il déclaré.
Des produits retirés de la vente. Le ministère de l'Agriculture met régulièrement à jour sa liste de produits retirés du marché en France, en raison d'une concentration de fipronil supérieure à la limite réglementaire. "Bien que ne présentant pas de risques pour la santé, ils sont listés dans un souci d'information du consommateur", précise le ministère. A ce jour, une trentaine de produits sont concernés parmi lesquels des gaufres et de la frangipane provenant des marques Lotus, Leader Price, Franprix, Système U, Monoprix, Casino, Carrefour, etc, ainsi que des muffins, des brownies (Marque Repère et Leader Price), des pommes dauphines des magasins U, ou encore des pâtes (Marque Grand-mère). A ce jour, des enquêtes sont menées dans les élevages français afin de s'assurer de l'absence de l'utilisation de cet insecticide sur les animaux destinés à la chaîne alimentaire.
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— Alim'Agri (@Min_Agriculture) 17 août 2017
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