Margarines et yaourts anti-cholestérol : inefficaces pour protéger le cœur
Les aliments enrichis en phytostérols, tels que les yaourts et les margarines "anti-cholestérols" n'ont pas d'efficacité sur la prévention des maladies cardiovasculaires, selon l'Agence de l'alimentation (Anses).
Les aliments anti-cholestérols, mauvais pour la santé ? En tout cas, les yaourts et autres margarines censés réduire le taux de cholestérol sont loin d'être des produits miracle. L'Agence de l'alimentation (Anses), qui publie un rapport sur les aliments enrichis en stérols végétaux, suite aux interrogations d'une association de consommateurs, conclut en effet que leur bénéfice sur la prévention des maladies cardiovasculaires n'est pas démontré.
Allégations trompeuses. Les stérols végétaux, appelés phytostérols, sont en quelque sorte le cholestérol du monde végétal. Leur structure chimique est très proche de celle du cholestérol sanguin. Une fois ingérés, les phytostérols se mêlent au cholestérol dans l'intestin, prennent sa place et diminuent ainsi son absorption intestinale. En d'autres termes, le cholestérol passe moins bien dans l'intestin et dans le sang. Les phytostérols réduisent donc le cholestérol sanguin. Cette propriété démontrée scientifiquement explique que la réglementation communautaire autorise l'emploi sur l'étiquetage des produits enrichis en phytostérols d'une allégation indiquant que "les phytostérols diminuent le cholestérol sanguin". Le problème, c'est que l'allégation précise par ailleurs que "diminuer le cholestérol sanguin peut réduire le risque de maladies cardiovasculaires." Ce qui en soit n'est pas faux, mais qui pour les consommateurs peut laisser entendre que les stérols végétaux jouent un rôle dans la protection du cœur. Alors que selon l'Anses, il n'existe aujourd'hui aucune étude scientifique sérieuse sur les effets des phytostérols sur les maladies cardiovasculaires. "A ce jour, on ne peut donc pas conclure sur les effets des phytostérols sur la prévention des risques cardiovasculaires", affirme l'agence.
De nombreuses incertitudes. Si les phytostérols contribuent à une réduction moyenne d'environ 10 % de la cholestérolémie totale et de la teneur en LDL-Cholestérol ("mauvais cholestérol"), la variabilité individuelle de réponse aux phytostérols est grande, note de plus l'Anses : "chez environ 30 % des sujets, la consommation d'aliments enrichis en phytostérols n'induit pas de baisse de LDL-Cholestérol." Pire, affirme l'Anses, il ne faut pas abuser de ces produits car ils pourraient avoir l'effet inverse et augmenter le risque de maladie cardiovasculaire. "Une baisse de la concentration plasmatique en bêta-carotène est également observée suite à la consommation de phytostérols, ce qui est susceptible d'augmenter le risque cardiovasculaire", précise l'Anses.
Pas pour les enfants. L'Anses recommande donc aux personnes soucieuses de leur cholestérolémie de consulter un professionnel de santé qui pourra notamment leur indiquer les mesures hygiéno-diététiques les plus adaptées à leur situation. Quant aux consommateurs de produits enrichis en phytostérols, elle leur conseille de veiller à atteindre a minima les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS) en fruits et légumes afin de compenser la baisse de bêta-carotène engendrée par la consommation de ces produits. L'Anses recommande enfin d'éviter la consommation de produits enrichis en phytostérols par les enfants, les femmes enceintes et allaitantes.
D'après l'étude INCA 2 (Etude individuelle nationale des consommations alimentaires) menée par l'Anses, les consommateurs des aliments enrichis en stérols végétaux représentaient, en 2006-2007, environ 3 % des adultes et 0,7 % des enfants. Parmi les adultes, la tranche d'âge des 46-79 ans, que l'on peut considérer comme la plus à risque d'hypercholestérolémie, était la plus représentée. Parmi les consommateurs d'aliments enrichis en phytostérols, les enfants représentaient 12,5 %.