Pourquoi se souvient-on de nos rêves ?
Des chercheurs en neurosciences de Lyon ont étudié l'activité cérébrale des rêveurs pour comprendre pourquoi certaines personnes avaient de meilleures capacités à retenir leurs rêves que d'autres. Résultats.
Se souvenir de ses rêves ou pas serait dû à une zone du cerveau plus réactive aux stimuli extérieurs, que des chercheurs français sont parvenus à identifier. Ils ont en effet voulu comprendre pourquoi certaines personnes se souviennent de leurs rêves tous les matins (appelés les "grands rêveurs") alors que d'autres s'en souviennent rarement ("les petits rêveurs"). En janvier 2013, Perrine Ruby (chercheuse en neurosciences cognitives) et son équipe se sont ainsi penchés sur l'activité cérébrale de ces rêveurs afin d'analyser ce qui les différencient. Publiée dans la revue Neuropharmacology, l'étude montre que la jonction temporo-pariétale, un carrefour du traitement de l'information dans le cerveau, serait plus active chez les grands rêveurs.
En 1976, une hypothèse avait déjà été proposée : le cerveau endormi ne serait pas capable d'encoder une information en mémoire à long terme et il faudrait donc se réveiller pour se souvenir d'un rêve, ne serait-ce que pendant une période très courte, de manière à pouvoir rapporter le matin au réveil. Cependant, depuis la formulation de cette hypothèse, aucune mesure expérimentale sur la quantité d'éveils au cours de la nuit n'avait été effectuée.
Les chercheurs ont donc proposé à des volontaires de venir dormir dans un laboratoire, avec des électrodes sur la tête. Cela leur a permis de montrer que lorsque l'on mesure les éveils, les grands rêveurs ont une quantité d'éveils plus importante que les petits rêveurs. Une étude avec une autre technique a ensuite été réalisée : la tomographie par émission de positions, qui permet de voir quelle région du cerveau travaille plus que l'autre pendant un état donné. Résultat : les grands rêveurs avaient une activité plus importante dans la partie temporo-pariétale du cerveau que les petits rêveurs. Cette région est impliquée dans les phénomènes d'orientation de la tension vers les stimuli extérieurs. Ainsi, avec l'augmentation de l'activité de cette région, les sujets auraient tendance à être plus réactifs aux stimuli de l'environnement et donc à se réveiller plus fréquemment, ce qui leur permettrait de mieux mémoriser leurs rêves.
Très peu de résultats sont aujourd'hui disponibles dans ce domaine, d'où leur importance actuelle. Ils ont notamment été réalisables grâce aux découvertes révolutionnaires de Michel Jouvet sur le sommeil paradoxal, puisque l'association a ensuite pu être faite entre le sommeil paradoxal et le rêve.
EN VIDEO : Interview Perrine Ruby, chargée de recherche Inserm, qui a étudié l'activité cérébrale des rêveurs afin de comprendre ce qui les différencient.