Une vie saine malgré un travail en horaires décalés
Loin des foules du métro-boulot-dodo, ces salariés qui travaillent de nuit ou en dehors du traditionnel 9h-18h n'ont pas une vie plus zen pour autant.
Veilleur de nuit, travailleur à la chaîne, présentateurs de news matinales à la radio, imprimeur ou tout simplement hôtesse d'accueil dans un hôtel... Nombreuses sont les professions qui exigent d'adopter une rythme de vie complètement décalé par rapport au reste de la société.
Cela peut certes avoir ses avantages : on évite de s'entasser au milieu des travailleurs à l'haleine caféinée du matin, on peut faire des démarches administratives et ses courses en pleine journée... Mais c'est surtout très perturbant pour l'organisme. En effet, notre corps est programmé pour suivre un rythme dit circadien, qui s'étale sur 24h. Ce rythme dépend de la quantité de lumière mais aussi de multiples autres facteurs qui, globalement, font que nous sommes conçus pour travailler le jour et nous reposer la nuit.
Plusieurs études ont permis de démontrer que perturber ce rythme induit plusieurs dérèglements.
Une fatigue chronique due à la dette de sommeil généralement constatée. Difficile de dormir huit bonnes heures d'un sommeil sans réveil au beau milieu de la journée... Cette fatigue accumulée entraîne une usure prématurée de l'organisme et donc une espérance de vie diminuée. Cette fatigue agit en outre sur l'état d'esprit : stress et mauvaise humeur sont souvent au rendez-vous.
Des troubles de la digestion et une prise de poids, bien que les apports nutritionnels ne soient pas plus importants. Avec, en conséquence, des risques cardiovasculaires plus élevés que la moyenne. En effet, même lorsque le corps est réveillé, il digère beaucoup moins efficacement la nuit et a plus tendance à stocker les graisses. Les pauses gourmandes au milieu de la nuit de travail sont donc plus néfastes que celles de la pleine journée.
Pire encore : une récente étude menée par le Centre international de recherche sur le cancer révèle que le travail posté (c'est-à-dire en horaires décalés) est cancérogène. La faute, encore une fois, à la perturbation du rythme circadien : elle entraîne des troubles du métabolisme (notamment une résistance à l'insuline), ainsi qu'une altération de la réponse immunitaire.
Des solutions
Pas d'affolement, tout ceci n'est pas une fatalité : quelques précautions permettent d'améliorer le quotidien et de préserver sa santé au maximum.
Avant tout, le premier des secrets, c'est de ne pas travailler de nuit pendant trop longtemps. En effet, on a constaté que les premiers effets commençaient à se faire sentir au bout de cinq ans à ce rythme. Si travailler en horaires décalés peut être tentant pour diverses raisons, notamment pécuniaires, mieux vaut donc savoir s'arrêter à temps, quand on a le choix.
Il convient avant tout de s'efforcer de ne pas caler son rythme sur celui du reste de la famille pendant les périodes diurnes. Certes, ce n'est pas agréable de dormir quand tout le monde est à la maison et de manquer certaines tranches de vie. Mais c'est à ce prix que l'on peut conserver des "nuits" de sommeil de qualité.
Attention également à ne pas tout décaler le week-end en reprenant un rythme de vie "normal". Mieux vaut trouver une sorte de compromis pour profiter de sa famille mais sans casser le rythme de travail.
Adopter une alimentation variée et équilibrée, mais aussi bien répartie. Ainsi, il convient de s'efforcer de prendre un repas au milieu de la nuit de travail, même s'il est 3 h du matin. En rentrant, tout le monde est au petit déjeuner, mais le travailleur fatigué doit, lui, absorber un bon dîner... Le tout en faisant attention de privilégier fruits et légumes et d'y aller mollo sur les graisses et les sucres, puisqu'ils sont moins bien éliminés en périodes nocturnes. Attention, sauter des repas n'est pas souhaitable.
La collation est une bonne idée puisqu'elle permet de maintenir le corps en éveil. Mais là encore, mieux vaut opter pour un fruit que pour une barre chocolatée.
En revanche, se méfier du café. S'il permet de se réveiller, il peut aussi entraîner des troubles du sommeil et du rythme cardiaque.
Un suivi médical sérieux et régulier doit permettre de détecter tout problème de santé ou changement, le plus rapidement possible.