Sur une prise de sang, cette ligne pourrait annoncer un Alzheimer encore invisible

Bien avant les pertes de mémoire, ce trouble sanguin pourrait être annonciateur d'un déclin cognitif anormal.

Sur une prise de sang, cette ligne pourrait annoncer un Alzheimer encore invisible
© reve.art/Journal des Femmes

C'est l'une des maladies qui inquiète le plus : la maladie d'Alzheimer. Elle progresse souvent en silence pendant des années avant que les premiers signes, comme les pertes de mémoire, ne deviennent évidents. La recherche a permis d'identifier plusieurs gènes qui augmentent le risque de développer la maladie, mais sans comprendre encore le rôle des facteurs extérieurs, comme l'alimentation ou le mode de vie. Et si la réponse se trouvait dans une prise de sang ? 

Des chercheurs s'intéressent aux métaux présents dans l'organisme. Le fer, le cuivre ou le zinc, par exemple, peuvent devenir toxiques pour le cerveau s'ils s'accumulent mal : ils favoriseraient la formation des plaques β-amyloïdes et la dégradation de la protéine tau, deux marqueurs typiques d'Alzheimer. Pour comprendre si le déséquilibre de certains métaux joue un rôle dans la maladie d'Alzheimer, des chercheurs ont analysé les concentrations de 27 métaux dans le tissu cérébral post-mortem et le sang de personnes âgées, certaines qui étaient en bonne santé, d'autres souffrant de troubles de la mémoire ou d'Alzheimer.

D'après les résultats publiés dans la revue "Nature", seul le lithium était particulièrement bas dans le cerveau des personnes atteintes de troubles cognitifs, précurseurs d'Alzheimer. Chez les individus atteints d'Alzheimer, le lithium était encore plus bas. Selon leurs observations sur des souris, les plaques amyloïdes emprisonnent le lithium dans le cerveau, ce qui le rend moins disponible pour ses fonctions normales. Privé de ce lithium "utile", le cerveau devient plus vulnérable : les plaques amyloïdes s'accumulent davantage, le stress oxydatif augmente, et l'inflammation accélère le déclin cognitif.

© reve.art/Journal des Femmes

Le lithium est un oligo-élément naturellement présent dans notre organisme. Une alimentation variée et riche en végétaux (légumes, fruits, fruits à coque, légumineuses, céréales complètes) permet de couvrir les besoins naturels. Son rôle cérébral, déjà connu dans la bipolarité, est de plus en plus exploré dans la maladie d'Alzheimer. "Le maintien d'un bon équilibre en lithium pourrait contribuer à protéger le cerveau du vieillissement et retarder l'apparition de la maladie d'Alzheimer" a relayé la Fondation Alzheimer.

Comment savoir si on manque de lithium ? A date, les médecins ne prescrivent pas de prise de sang pour évaluer le taux de lithium dans le sang dans le cadre du diagnostic d'Alzheimer. Le premier test sanguin de diagnostic de la maladie d'Alzheimer a été autorisé aux Etats-Unis en mai 2025 et il porte sur le ratio entre les niveaux de protéine Tau et de Beta-amyloide. Il est donc inutile de demander une lithiémie à son médecin pour dépister Alzheimer. Ces travaux ouvrent une nouvelle piste de recherche : comprendre comment préserver cet équilibre naturel du lithium pourrait aider à mieux protéger le cerveau avec l'âge.