Attention à ce fromage courant : il peut entraîner une infection grave et des séquelles neurologiques
L'infection se manifeste par des symptômes "pseudo-grippaux".

Fromages au lait cru, lait de chèvre... Et si ces produits cachaient un risque sanitaire insoupçonné ? L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de publier un rapport révélant qu'un virus peut contaminer l'être humain via l'alimentation. Une voie de transmission jusque-là jamais rapportée en France avant 2020, date à laquelle un premier foyer d'infections a été identifié après la consommation de fromages au lait cru de chèvre. En cause : des produits laitiers issus d'animaux infectés, comme les chèvres, pourtant asymptomatiques.
Chez l'humain, l'infection passe souvent inaperçue. Pourtant, dans 10 à 30 % des cas, elle se manifeste par des symptômes pseudo-grippaux, parfois suivis de complications sévères. "Parmi les personnes symptomatiques, 20 à 40 % présentent des signes neurologiques de type méningite, qui peuvent entraîner des séquelles à long terme et une perte d'autonomie", alerte Elsa Quillery, co-coordinatrice de l'expertise à l'Anses. "Depuis 2020, la situation est stable : on dénombre une vingtaine de cas chaque année, avec une transmission directe ou via du fromage au lait cru, un peu partout dans l'Est et le Centre", constate le Dr Raffetin, infectiologue et coordinatrice du Centre de référence des maladies vectorielles à Tiques Nord auprès de 60 millions de consommateurs.
Ces infections sont dues au virus bien connu de l'encéphalite à tiques, à ne pas confondre avec la borréliose de Lyme, d'origine bactérienne. La différence ? Ce virus ne se transmet pas seulement par morsure de tique : il peut aussi contaminer le lait d'animaux infectés. "Les chèvres sont contaminées mais non malades. Pendant les sept premiers jours de l'infection, elles excrètent le virus dans le lait, le temps de fabriquer un anticorps qui leur permet de l'éliminer", explique le Dr Raffetin. Le lait cru ou les fromages qui en sont issus peuvent ainsi devenir vecteurs du virus si aucune mesure sanitaire n'est prise. La région Auvergne-Rhône-Alpes, en raison de son nombre élevé d'élevages caprins et de la forte circulation du virus, est la plus exposée.
Face à ce risque émergent, l'Anses recommande d'éviter l'exposition des troupeaux aux zones boisées où prolifèrent les tiques, en installant des clôtures ou en pratiquant la rotation des pâtures. En cas de suspicion de contamination, la pasteurisation du lait demeure la solution la plus efficace. "Il est essentiel de renforcer la surveillance du virus dans les produits laitiers, chez les animaux et dans l'environnement", insiste Elsa Quillery. Quant aux consommateurs, ils peuvent limiter leur exposition en privilégiant les produits laitiers pasteurisés, surtout dans les zones à risque.