Des chercheurs découvrent la vraie cause de la goutte (ce n'est pas du tout ce qu'on pensait)
"Il faut briser le mythe" défendent-ils.
Douleur, gonflement, rougeurs, sensation de chaleur dans les articulations... La goutte est une maladie rhumatologique inflammatoire causée par une accumulation excessive d'acide urique dans le sang. Lorsque le niveau d'acide urique est trop élevé, des cristaux d'urate se forment dans les articulations, provoquant une inflammation douloureuse, souvent au niveau des pieds, particulièrement du gros orteil. Les crises de goutte se manifestent soudainement par des douleurs intenses. Les deux grands facteurs de risque qui reviennent toujours sur la table sont une mauvaise alimentation, particulièrement un excès de viande rouge et une mauvaise hygiène de vie (alcool...). "Il faut briser ce mythe répandu qui provoque de la honte chez les personnes atteintes de goutte, les incite à souffrir en silence et à ne pas aller consulter un médecin pour obtenir un médicament" explique le professeur Tony Merriman de l'Université d'Otago en Nouvelle-Zélande.
Avec son équipe de scientifiques, ils ont mené une étude sur plus de 2,6 millions de personnes à travers le monde. Longtemps associée à une consommation excessive de viande rouge ou d'alcool, la goutte a souvent été stigmatisée. Pourtant, si certains aliments peuvent effectivement déclencher des crises, la véritable cause serait ailleurs selon les observations des chercheurs. En analysant les données génétiques des 2,6 millions de personnes de leur panel, ils ont découvert que la majorité des cas de goutte étaient liés à des facteurs héréditaires et non aux choix de vie. Cette découverte pourrait bouleverser la perception de cette maladie qui touche principalement les hommes.
La véritable cause réside ainsi, selon les chercheurs, dans les gènes des malades. "La goutte est provoquée par une réponse immunitaire innée aux cristaux d'urate. Son origine est génétique et n'est pas la faute du malade" affirme le professeur Merriman dont les travaux ont été publiés dans la prestigieuse revue Nature Genetics le 15 octobre. Il appelle à une meilleure compréhension de la maladie et à une prise en charge adaptée, rappelant que des traitements existent pour abaisser les niveaux d'urate et prévenir les crises. Leur étude ouvre aussi la voie à de nouveaux traitements. Parmi les pistes prometteuses, les chercheurs envisagent la réutilisation de certains médicaments, notamment le tocilizumab, utilisé contre la polyarthrite rhumatoïde, qui pourrait cibler la goutte. "Nous espérons que ces découvertes conduiront à de meilleures options thérapeutiques pour les personnes souffrant de goutte" conclut le professeur Merriman.