Fréquent, ce virus pourrait déclencher le diabète de type 1 (il tue les cellules du pancréas)
"Une mort accrue des cellules était apparente au bout de 8 heures" annoncent des chercheurs français.
En France, le diabète de type 1 concerne environ 10% des cas de diabète, soit 300 000 personnes. Cette maladie métabolique chronique se déclare dans la moitié des cas avant l'âge de 20 ans et se caractérise par un dysfonctionnement du pancréas qui ne produit pas assez d'insuline, l'hormone indispensable pour réguler la glycémie. Ainsi le taux de sucre dans le sang monte jusqu'à l'hyperglycémie. Le diabète de type 1 est considérée comme une maladie "auto-immune" car l'organisme détruit les cellules du pancréas qui doivent sécréter l'insuline. L'origine de ce dysfonctionnement pancréatique reste incertaine. La prédisposition génétique est évoquée de même que des facteurs environnementaux, mais pas que.
Récemment, des chercheurs français ont fait une découverte de taille : le diabète de type 1 pourrait être lié à un virus, en l'occurrence le virus Coxsackie B, selon une étude internationale publiée dans la revue Science Advances et pilotée par l'équipe du diabétologue Roberto Mallone de l'hôpital Cochin (Paris). Ce virus est dans le viseur des chercheurs depuis très longtemps, notamment parce qu'il a été souvent retrouvé chez des jeunes enfants à risque de diabète à cause d'antécédents familiaux. Parmi les enfants infectés par ce virus, une partie d'entre eux développe la maladie.
Pour démontrer le lien entre ce virus et le diabète de type 1, les chercheurs ont analysé en laboratoire (in vitro) la manière dont se comportait le virus Coxsackie B dans l'organisme. Ils ont pu montrer que ce virus était capable de tuer spécifiquement les cellules du pancréas chargées de produire de l'insuline (les cellules β des îlots de Langerhans). "Une mort accrue des cellules β était apparente au bout de 8 heures", précisent les chercheurs dans leurs résultats. Cette destruction massive entraînerait une inflammation "latente" des tissus et libérerait des protéines reconnues à tort par les cellules du système immunitaire des personnes prédisposées génétiquement au diabète. "Brouillé", le système immunitaire se mettrait dans un second temps à produire des auto-anticorps qui s'attaqueraient aux propres cellules de l'individu. C'est le principe même des maladies auto-immunes comme le diabète de type 1.
Un virus qui ne donne pas de symptômes...
Faisant partie de la famille des Picornaviridae et du genre Enterovirus, le virus Coxsackie B est bien connu des scientifiques et est répandu partout dans le monde. Les infections par le virus Coxsackie B sont majoritairement asymptomatiques et guérissent spontanément. Cependant, elles peuvent aussi évoluer vers une variété d'atteintes rares comme la septicémie, la méningo-encéphalite, la myocardite ou la pneumonie. Elles peuvent toucher tous les groupes d'âge, mais elles sont plus "fréquentes pendant l'enfance", précisent-ils. Le virus accède au corps par la bouche par une transmission oro-fécale (la personne s'infecte en mettant à la bouche des doigts, objets, boissons ou de la nourriture contaminés par des matières fécales). Il peut également être contracté par des sécrétions de muqueuses infectées.
Après la découverte de ces chercheurs, l'enjeu est de dépister au plus tôt la maladie pour pouvoir la stabiliser au mieux. A plus long terme, un vaccin pourrait être mis au point pour prévenir les infections au Coxsackie B, sérum qui n'existe pas encore aujourd'hui.