Sclérose en plaques : 5 nouveaux signes avant-coureurs découverts par des chercheurs français
Selon des chercheurs de l'Institut du Cerveau, ces symptômes sont associés de manière significative à un diagnostic de sclérose en plaques cinq ans plus tard.
Touchant 120 000 personnes en France et majoritairement des femmes, la sclérose en plaques (SEP) est une maladie "du jeune adulte", diagnostiquée le plus souvent entre 25 et 35 ans. Neurologique et auto-immune, elle touche le système nerveux central c'est-à-dire le cerveau et la moelle épinière. Les symptômes sont souvent invisibles comme une très grande fatigue, des problèmes de concentration et de mémoire, des troubles de la marche... Mais récemment, des chercheurs de l'Institut du Cerveau ont publié une étude dans la revue Neurology dans laquelle ils ont mis en évidence plusieurs mécanismes biologiques pouvant apparaître jusqu'à 5 années avant que la SEP soit diagnostiquée.
113 symptômes analysés
Les scientifiques ont comparé les données de santé de 20 174 patients atteints d'une sclérose en plaques, 54 790 patients sans sclérose en plaques et 37 814 patients affectés par deux maladies auto-immunes qui, comme la SEP, touchent principalement les femmes et les jeunes adultes (30 477 patients avec une maladie de Crohn et 7337 avec un lupus). Ils ont ensuite analysé la fréquence de 113 symptômes et maladies courants sur une période de 5 ans avant à 5 ans après le diagnostic. Résultat : 5 symptômes étaient associés de manière significative à un diagnostic de sclérose en plaques ultérieur :
- La dépression
- Les troubles sexuels : "Dans leur étude, les chercheurs ont utilisé des dossiers médicaux anonymisés, dans lesquels les symptômes sont représentés par un "code maladie" générique, et non par une description clinique précise (pour préserver l'anonymat, précisément). Les "troubles sexuels" peuvent donc a priori concerner toute gêne, douleur ou perte de fonction sexuelle qui pose problème dans la vie des patientes et patients, et qu'ils ont déclaré à leur médecin", nous précise le service presse.
- La constipation
- La cystite
- Les autres infections des voies urinaires.
"Ces signes sont probablement liés à des lésions du système nerveux"
Nous pouvons "affirmer qu'il s'agit de signes cliniques avant-coureurs, probablement liés à des lésions du système nerveux, chez des patients qui recevront plus tard un diagnostic de sclérose en plaques [...] La sur-représentation de ces symptômes persistait et augmentait d'ailleurs durant les cinq années après le diagnostic", explique la Pr. Céline Louapre (Sorbonne Université, AP-HP), neurologue à l'hôpital Pitié-Salpêtrière et responsable du centre d'investigation clinique de l'Institut du Cerveau.
Des symptômes retrouvés dans d'autres maladies
Toutefois, ces 5 symptômes apparaissaient aussi dans la phase prodromique (période au cours de laquelle la maladie s'installe de manière discrète) du lupus et de la maladie de Crohn : ils ne sont donc pas spécifiques de la SEP. Et surtout, ils sont extrêmement courants chez les personnes en bonne santé. "À eux seuls, ces signes ne suffiront pas à poser un diagnostic précoce ; mais ils nous aideront certainement à mieux comprendre les mécanismes de la sclérose en plaques. Enfin, ces nouvelles données nous confortent dans l'idée que la maladie commence bien avant l'apparition des symptômes neurologiques classiques", poursuit la chercheuse. Chez des personnes à risque (dans le cas d'une forme familiale de SEP), ces signes pourraient aider les chercheurs à pointer le moment exact où commence le processus inflammatoire à l'origine des lésions dans le système nerveux central et peut-être à mettre en place une thérapeutique plus précoce. D'autant que la prise en charge de la SEP s'est considérablement améliorée au cours des 10 dernières années. Malheureusement, il n'existe pas encore de traitement curatif à proprement parler, ni de solution thérapeutique pour les 15% de patients atteints d'une forme progressive de la maladie.