NASH : les lésions du foie seraient plus graves chez les minces

Contrairement à ce que l'on peut penser, les maladies du foie comme la NASH (maladie du foie "gras") ou la NAFLD touchent aussi les personnes minces et seraient même plus sévères chez elles.

NASH : les lésions du foie seraient plus graves chez les minces
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L'accumulation de graisse dans le foie non liée à la consommation d'alcool est une maladie connue sous le terme de NAFLD (nouvellement appelée MASLD pour maladie du foie associée à un dysfonctionnement métabolique, la NASH ou "maladie du foie gras" étant une MASLD plus évoluée et agressive). Elle touche principalement les personnes en surpoids, obèses ou atteintes de diabète de type 2. Mais les personnes mince ou de corpulence normale (avec un indice de masse corporel -IMC- inférieur à 25) peuvent également être touchées et la maladie serait bien plus grave chez elles, révèle une récente étude menée à partir de la cohorte française Constances et parue dans la revue Hepatology.

Les décès toutes causes étaient beaucoup plus fréquents chez ces patients

Ainsi, malgré un bon profil métabolique (des prises de sang dans les normes, ndlr), les personnes minces ou de corpulence normale ne sont pas épargnées par les maladies du foie associées à un dysfonctionnement métabolique et la sévérité de la maladie semble plus importante chez elles :

  • 16% des sujets qui présentaient une NAFLD étaient minces ou de corpulence normale et 50% d'entre eux n'avaient pas de facteurs de risque métabolique. Ces patients étaient le plus souvent jeunes et des femmes.
  • 3.7% de ces personnes présentaient un état de fibrose avancée (contre 1.7% des personnes en surpoids ou obèses), des lésions hépatiques plus sévères et avaient des taux de transaminases ALAT (marqueurs de l'état du foie) plus élevés. Ces caractéristiques signifiaient que la maladie hépatique progressait plus rapidement chez les personnes minces ou normales.
  • Les autres événements hépatiques (cirrhoses, décompensations, cancers du foie), les maladies chroniques rénales et les décès toutes causes étaient beaucoup plus fréquents chez ces patients que chez ceux en surpoids ou souffrant d'obésité

En revanche, les événements cardiovasculaires restaient plus fréquents chez les personnes avec un surpoids ou une obésité, suggérant que l'obésité elle-même est un facteur de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires, indépendamment de la MASLD.

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Schéma de la progression de la maladie hépatique non liée à l'alcool © ellepigrafica - stock.adobe.com

"Forts de ces résultats, qui confirment ceux d'autres études, il faut chercher à comprendre la pathogénie de la maladie chez ces patients minces et étudier le rôle du microbiote, de la génétique, de l'alimentation mais aussi préciser celui de l'alcool et du tabac, dont la consommation était un peu plus fréquente dans cette sous-population. Ces patients ont probablement des facteurs de risque génétiques et/ou environnementaux", a souligné le Pr Lawrence Serfaty (Chef de l'unité Foie Métabolique du nouvel hôpital civil à Strasbourg) lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion du congrès Paris NASH meeting.

Selon les auteurs, la sarcopénie (perte progressive de la masse musculaire au cours du vieillissement) et la présence d'acides biliaires synthétisés par le foie pourraient participer à la sévérité de la maladie chez les personnes minces ou normales. A noter que pour parvenir à ce résultat, les scientifiques ont analysé l'état du foie de 169 303 participants français pendant 3 ans et demi. Les personnes présentant une consommation excessive d'alcool, une hépatite virale ou d'autres maladies du foie ont été exclues. Le diagnostic de NAFLD et de fibrose a été réalisé à l'aide du Fatty Liver Index et du Forns Index.

  • Lean individuals with NAFLD have more severe liver disease and poorer clinical outcomes (NASH-CO Study)