Ce cancer toucherait davantage les femmes qui ont eu un Covid grave
Des chercheurs français et suisses ont fait une découverte inattendue chez des personnes ayant eu une forme grave de Covid, particulièrement chez les femmes de moins de 60 ans.
Les personnes qui ont eu une forme grave de Covid auraient un risque augmenté de 31% de recevoir un diagnostic de cancer dans les mois suivants leur hospitalisation, suggère pour la première fois une étude franco-suisse publiée le 30 mai 2023 dans la revue Scientific Reports et menée par Epi-Phare (groupement scientifique français) l'Institut de santé globale de Genève et l'Université de Genève. Autrement dit, le développement d'une forme grave de Covid pourrait représenter un marqueur prédictif de cancer qui n'a pas encore été diagnostiqué. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé les données du Système national des données de santé (données françaises) portant sur plus de 41 000 personnes hospitalisées en soins intensifs pour cause de Covid-19. Ces données ont ensuite été comparées à celles de 713 000 personnes témoins ayant eu un Covid mais non hospitalisées. Dans le détail, plus de 2% des patients admis en soins intensifs - pour lesquels aucun diagnostic de cancer n'avait été posé jusque-là - ont été diagnostiqués d'un cancer dans les 200 jours suivants leur hospitalisation (soit environ 6 mois) contre 1.5% des patients témoins. Le lien entre le Covid grave et le risque de cancer était plus fort chez les femmes que chez les hommes (20% de plus chez les femmes) et chez les personnes de moins de 60 ans (+20% chez les moins de 60 ans comparé aux plus de 60 ans). L'association la plus forte a été, de fait, trouvée chez les femmes de moins de 60 ans. Un risque significativement plus élevé a été trouvé concernant le cancer du rein, le cancer du sang, le cancer du côlon et le cancer du poumon.
Cette découverte permettrait d'envisager une surveillance plus poussée des patients qui sortent de réanimation ou de soins intensifs après un Covid-19 sévère d'autant que ces derniers sont plus fragiles et davantage exposés à des séquelles (pulmonaires par exemple), mais ces résultats ne permettent pas d'établir formellement un "effet de causalité" entre une infection sévère de Covid et le développement d'un cancer, tient à nuancer le Pr Mahmoud Zureik, professeur d'immunologie à l'Université Versailles Saint-Quentin et directeur d'Epi-Phare, dont les propos ont été relayés par le Quotidien du médecin.
- Severe SARS-CoV-2 infection as a marker of undiagnosed cancer: a population-based study - Scientific Reports