Demain, une mammographie 3D pour dépister le cancer du sein ? C'est quoi ?

Demain, une mammographie 3D pour dépister le cancer du sein ? C'est quoi ?

La Haute Autorité de Santé a recommandé d'introduire la mammographie 3D par tomosynthèse dans le dépistage du cancer du sein mais des médecins estiment que c'est encore trop tôt.

L'édition 2023 d'Octobre Rose est lancée. L'occasion de rappeler aux femmes âgées de 50 à 74 ans qu'elles peuvent se faire dépister gratuitement pour le cancer du sein. Ce dépistage qui repose entre autre sur la réalisation d'une mammographie pourrait évoluer selon les recommandations formulées par la Haute Autorité de Santé en mars. L'autorité souhaite en effet "l'introduction de la mammographie 3D (par tomosynthèse), à condition qu'elle soit systématiquement associée à la reconstruction d'une image 2D synthétique (3D + 2Ds)" pour dépister un éventuel cancer du sein. C'est l'Institut national du cancer (INCa) qui a demandé à la HAS de se pencher sur l'intérêt de cet examen. Aujourd'hui le dépistage comprend un examen clinique des seins et une mammographie 2D. Qu'est-ce qu'une mammographie 3D ? Que peut voir en plus cet examen ? Pour qui ?

Qu'est-ce qu'une mammographie 3D ?

La tomosynthèse (3D) est une technique de mammographie qui permet d'obtenir un cliché numérique du sein reconstitué en trois dimensions à partir d'une série de projections (ou coupes) à faible dose, acquises sous différents angles et à différentes profondeurs, obtenues avec un mammographe numérique spécifique. La représentation en trois dimensions du sein est générée à l'aide d'un algorithme mathématique de reconstruction. Depuis 2009 cette technique d'imagerie est largement utilisée en France en dehors du cadre du dépistage organisé, notamment chez des femmes à haut risque de cancer du sein ou dans le cadre de la surveillance d'un cancer diagnostiqué.

Quelle est l'efficacité de la mammographie 3D par rapport à la 2D ?

La HAS a comparé la technique de mammographie classique (2D) à la technique de tomosynthèse (3D) seule, puis à l'association des deux techniques (3D + 2D), et enfin à la technique 3D associée à une reconstruction d'image synthétique (2Ds). Résultat :

► La mammographie 3D n'est pas plus performante que la 2D, seules.

► L'association 3D + 2D induit une exposition plus importante aux rayons X, en raison de la double irradiation que ces examens représentent pour les femmes, reproduite tous les deux ans.

► La méthode la plus efficace et la moins irradiante est l'association de la mammographie 3D associée à la 2Ds Cette procédure permet d'améliorer le taux de détection des cancers, sans pour autant augmenter le nombre d'actes d'imagerie et la dose d'exposition.

Dose d'exposition moyenne aux rayons X délivrée à la glande mammaire (source : IRSN)
Mammographie 2D entre 0,95 et 2,42 mGy
Mammographie 3D entre 1,48 et 3,20 mGy
Mammographie 3D+2D entre 2,99 et 3,80 mGy

En parallèle du déploiement progressif de la 3D+2Ds dans le dépistage organisé du cancer du sein en France, la HAS recommande le maintien de la procédure en cours fondée sur la mammographie numérique (2D).

Il est "trop tôt" pour la recommander selon Gustave Roussy

Sur le site RoseUp, dédié aux femmes atteintes du cancer du sein, le Pr Corinne Balleyguier, radiologue et chef du service d'Imagerie Diagnostique à Gustave Roussy confirme que l'intérêt de la mammographie 3D "plus sensible et plus spécifique" mais estime qu'il est "trop tôt" pour la recommander. La Société d'imagerie de la femme, la Société française de sénologie et de pathologie mammaire, la Société française de radiologie et le Conseil national de la profession ont écrit à la HAS pour qu'elle modifie son texte. "Nous demandons à ce que la tomosynthèse soit recommandée en complément de la mammographie, pas en remplacement. En tout cas, pas tant que tous les constructeurs ne respectent pas les normes."