5 fois plus à risque de Parkinson en cas de troubles bipolaires ?
Selon une étude portugaise, les personnes atteintes de troubles bipolaires seraient plus à risque de développer une maladie de Parkinson à cause de leurs traitements à base de lithium.
Les personnes atteintes de troubles bipolaires auraient un risque accru de développer une maladie de Parkinson par rapport à la population générale, estime une étude* portugaise publiée le 14 octobre 2019 dans la revue scientifique JAMA Neurology. En cause : les sels de lithium contenus dans les traitements de référence des troubles bipolaires. Les auteurs de l'étude ont combiné les résultats de 7 études portant sur plus de 4,3 millions de participants. Au terme de cette analyse :
- Le risque de développer une maladie de Parkinson était jusqu'à 5 fois plus élevé chez les patients atteints de troubles bipolaires que chez les patients sans troubles bipolaires. Ce sur-risque variait entre 3 et 5 en fonction des études analysées.
- Suivre un traitement à base de lithium était associé à un sur-risque (1.68 fois plus élevé en moyenne) de développer un parkinsonisme secondaire (trouble présentant des caractéristiques similaires à celles de la maladie de Parkinson et qui peut survenir après la prise de médicaments), par rapport au fait de suivre un traitement uniquement à base d'antidépresseurs.
- Des recherches antérieures avaient déjà montré que les troubles bipolaires pouvaient être associés à une maladie de Parkinson d'origine médicamenteuse, rappellent les chercheurs.
"Nos résultats suggèrent de nombreuses questions chez les personnes atteintes de troubles bipolaires ainsi que chez leur médecin : le risque existe-t-il même lorsque le diagnostic est posé à un jeune âge ? Tous les sous-types de troubles bipolaires présentent-ils les mêmes risques ? Quels sont les réels rôles du lithium et des antipsychotiques ? A notre sens, ces questions devraient être approfondies dans de grandes cohortes prospectives de patients atteints de troubles bipolaires", estiment les auteurs de l'étude.
Les troubles bipolaires se caractérisent par une alternance marquée entre des épisodes de dépression profonde (phase dépressive pendant laquelle la personne est démotivée, très fatiguée ou peut manifester des désirs suicidaires) et des épisodes d'euphorie intense (manie ou phase maniaque pendant laquelle la joie de la personne est exaltée). Ces épisodes sont entrecoupés de phases de stabilité émotionnelle. Ces troubles chroniques correspondent à un diagnostic psychiatrique qui fait partie des troubles de l'humeur.
La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative qui se caractérise par une destruction lente et progressive des neurones de la substance noire du cerveau. Cette maladie chronique d'évolution lente se manifeste par des symptômes moteurs (tremblements, lenteur des mouvements, raideur et rigidité musculaire) et parfois des atteintes intellectuelles (baisse des capacités de mémoire, troubles de l'attention, troubles du sommeil, état dépressif...).
*Source : "Risk of Developing Parkinson Disease in Bipolar Disorder". Patricia R. Faustino, MD du laboratoire de pharmacologie clinique et thérapeutique de l'Université de Lisbonne au Portugal, 14 octobre 2019, JAMA Neurology. Cette étude, appelée revue systématique et méta-analyse, combine les résultats de sept études portant sur 4 374 210 participants au total.