Le sur-risque de cancer du sein confirmé avec les traitements de la ménopause
Une nouvelle étude confirme que les femmes ménopausées suivant un traitement hormonal ont plus de risque de développer un cancer du sein. Ce sur-risque persisterait même jusqu'à 10 ans après l'arrêt du traitement.
Plusieurs études* l'ont déjà constaté. Les traitements hormonaux administrés pour lutter contre les effets de la ménopause (THM) augmentent le risque de cancer du sein. Une nouvelle étude épidémiologique** publiée jeudi 29 août 2019 dans la revue scientifique The Lancet confirme non seulement ce lien, mais quantifie pour la première fois le risque pour chaque type de traitement. Par ailleurs, les chercheurs mettent en évidence le fait que ce sur-risque persiste au moins dix ans, et ce même après l'arrêt du traitement.
"8.3% de risque de développer un cancer du sein"
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs du Groupe de collaboration sur les facteurs hormonaux dans le cancer du sein ont décortiqué les résultats de 58 études portant sur plus de 100 000 femmes ménopausées. Résultats :
- Au cours du suivi prospectif, 108 647 femmes ménopausées ont développé un cancer du sein à l'âge moyen de 65 ans. La moitié d'entre elles, soit 55 575 avaient pris un traitement hormonal de la ménopause (THM) en moyenne pendant 10 ans.
- Tous les types de THM, à l'exception des œstrogènes vaginaux (un gel ou une crème aux œstrogènes appliqué localement), était associé à des risques accrus de cancer du sein. Ces risques augmentaient régulièrement avec la durée d'utilisation et étaient plus importants pour les œstrogènes progestatifs que pour les préparations contenant uniquement des œstrogènes.
Concrètement, les chercheurs ont conclu qu'une femme occidentale de poids moyen (avec un IMC normal) ayant utilisé quotidiennement pendant 5 ans un THM combiné (donc contenant de l'œstrogène et un progestatif) avait 8.3% de risque de développer un cancer du sein entre 50 et 69 ans, soit 2% de risque en plus qu'une femme du même âge ne prenant pas de THM. Une femme suivant ce même traitement par intermittence, donc pas tous les jours, a quant à elle 7.7% de probabilité de développer un cancer du sein dans les 20 années qui suivent le début du traitement. Enfin, une femme traitée par THM contenant seulement de l’œstrogène présente, elle, 6,8% de risque.
Par ailleurs, plus la durée du traitement est grande, plus le risque de développer un cancer du sein augmente : "pour une utilisation de 10 ans, l'augmentation de l'incidence sur 20 ans serait environ deux fois plus importante que pour une utilisation de 5 ans", précisent les chercheurs. En revanche, "une prise de THM pendant un an ou moins entraîne peu de risque", rassure Gillian Reeves, Professeure d'épidémiologie statistique à l'université d'Oxford, et co-auteure de l'étude. Enfin, le sur-risque semble minime chez les femmes obèses traitées par THM. Néanmoins, ces femmes ont déjà des facteurs de risque plus élevés de développer un cancer du sein, car elles présentent "une accumulation de tissus adipeux, associée à des taux élevés d'œstrogènes", explique l'Inserm.
Arrêt de l'ovulation, bouffées de chaleur... Ce qu'il se passe à la ménopause
La ménopause est un processus physiologique absolument normal qui survient généralement chez la femme entre 45 et 55 ans. Cet âge peut varier en fonction des antécédents familiaux, de la consommation de tabac, de la dénutrition ou au contraire à cause d'un surpoids. La ménopause correspond en fait à un arrêt de l'ovulation -les ovaires cessent petit à petit de fonctionner- ce qui entraîne un arrêt définitif des règles, un arrêt de sécrétion d’œstrogènes et une disparition quasi totale de la progestérone. Parmi les signes caractéristiques de la ménopause : il y a les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, les difficultés à s'endormir, une irritabilité, des douleurs dans les seins, une légère prise de poids, une diminution du désir sexuel ou encore, une probabilité plus grande de faire des infections urinaires.
Pour soulager les différents symptômes liés à la ménopause, des traitements hormonaux peuvent être prescrits par un médecin, le plus souvent par un gynécologue, après avoir évalué leur nécessité et les risques encourus par la patiente. Ils consistent à "substituer" les hormones que les ovaires sécrètent naturellement avant la ménopause. Leur prescription doit être la plus courte possible et doit s'arrêter dès lors que les troubles dits "climatériques" -c'est-à-dire les symptômes typiques de la ménopause- impactant la qualité de vie de la patiente disparaissent. De plus, la prise de ces traitements doit être réévaluée chaque année et exige une surveillance accrue qui comprend une palpation mammaire (tous les ans) ainsi qu'une mammographie de dépistage du cancer du sein (tous les deux ans).
Sources :
* Etude menée par le Groupe de collaboration sur les facteurs hormonaux dans le cancer du sein, publiée en octobre 1997 dans The Lancet et accessible en ligne / Etude américaine de grande ampleur menée par le Groupe de rédaction pour les enquêteurs de l'Initiative pour la santé des femmes, publiée en juillet 2002 dans la revue JAMA et consultable en ligne.
** Etude "Type and timing of menopausal hormone therapy and breast cancer risk: individual participant meta-analysis of the worldwide epidemiological evidence", Groupe de collaboration sur les facteurs hormonaux dans le cancer du sein, publiée le 29 août 2019 dans la revue The Lancet.