Une super-pilule capable de prévenir les infarctus et les AVC
Testée pour la première fois à grande échelle par une équipe iranienne, une multi-pilule combinant des principes actifs contre l'hypertension artérielle et le cholestérol, serait capable de réduire d'un tiers le risque d'accidents cardiovasculaires chez les plus de 50 ans.
Aspirine, atorvastatine, hydrochlorothiazide, énalapril, valsartan... Voici ce que contient la multi-pilule capable de réduire d'un tiers le risque d'accidents cardiovasculaires (AVC, infarctus...) en seulement 5 ans chez des personnes de plus de 50 ans. L'idée de cette pilule "miracle" a germé dans la tête des chercheurs il y a une vingtaine d'années, mais sa composition exacte n'a jusqu'alors jamais été vraiment définie. Vendredi 23 août 2019, une enquête menée par une équipe médicale iranienne et publiée dans la revue scientifique The Lancet a évalué l'efficacité de cette pilule pour la première fois à grande échelle et sur la durée.
Pour cela, l'équipe de scientifiques iraniens a mené un essai comparatif sur une cohorte de 6 838 personnes âgées de 50 à 75 ans et originaires de la province du Golestan en Iran. La grande majorité (90 %) n'avait pas d'antécédents de maladies cardiovasculaires. La cohorte a été divisée en deux : le premier groupe a reçu un comprimé de cette super-pilule une fois par jour (pendant 5 ans) tandis que le second a simplement bénéficié de conseils pour adopter une hygiène de vie plus saine (alimentation équilibrée avec une teneur faible en sel, en sucre et en graisse, contrôle du poids, abstinence du tabagisme...). Résultats :
- Dans l'ensemble, le groupe qui a pris la pilule quotidiennement a réduit son risque d'accidents cardiovasculaires majeurs de 34% sur 5 ans par rapport au groupe qui a simplement reçu les conseils d'un mode de vie plus sain.
- Les personnes sans antécédents de maladies cardiovasculaires qui ont pris la pilule tous les jours ont réduit leur risque de 40 %.
- Les personnes déjà atteintes de maladies cardiovasculaires qui ont pris la pilule tous les jours ont quant à elles réduit leur risque de 20 %.
- Les effets de cette pilule ont été similaires quelque soit l'âge et le sexe.
Après avoir pris en compte le nombre de personnes qui prenaient déjà un traitement cardiovasculaires, l'effet protecteur global de la pilule contre les maladies cardiovasculaires est tombé à 22%, mais est resté tout de même statistiquement significatif, selon les auteurs de l'étude. "L'utilisation de polypill s'est avérée efficace pour prévenir les événements cardiovasculaires majeurs. La stratégie d'une multi-pilule -à bas prix- pourrait donc être considérée comme un composant efficace supplémentaire dans le contrôle des maladies cardiovasculaires, en particulier dans les pays à faible revenu ou intermédiaires", précisent-ils.
Toutefois, l'étude reste limitée et ne permet pour le moment pas d'étendre les résultats à d'autres populations. D'autres recherches sont nécessaires pour évaluer son efficacité dans d'autres populations et également comparer les effets de la "polypill" aux effets des différents traitements pris séparément sur le long terme.
Que contient-elle ?
Cette "polypill" est un mélange de plusieurs médicaments contre l'hypertension artérielle, le cholestérol et de l'aspirine. Pourraient entrer dans sa composition :
- L'aspirine (81 mg), un médicament utilisé dans le traitement symptomatique des douleurs d'intensité légère à modérée.
- L'atorvastatine (20 mg), un médicament pour diminuer le taux de cholestérol et de triglycérides dans le sang.
- L'hydrochlorothiazide (12.5 mg), un diurétique largement utilisé dans le traitement de l'hypertension artérielle et de l'insuffisance cardiaque chronique.
- L'énalapril (5 mg), un médicament utilisé dans le traitement de l'hypertension artérielle et de l'insuffisance cardiaque chronique.
- Le valsartan (40 mg), un traitement de l'hypertension artérielle.
Source : Effectiveness of polypill for primary and secondary prevention of cardiovascular diseases (PolyIran): a pragmatic, cluster-randomised trial, publié le 23 août 2019 dans The Lancet.