Essoufflement, toux, fatigue... Après 35-40 ans, pensez à la BPCO
Toux et essoufflement constituent les symptômes de la broncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO. Dans plus de 80 % des cas, c'est le tabac qui est responsable de cette pathologie qui touche de plus en plus de femmes.
En France, la BPCO concerne 6 à 8 % de la population adulte de plus de 40 ans, soit 2,5 à 3 millions de personnes. Il y a 20 ans, la proportion de femmes touchées était de 20 %. Aujourd'hui, elle est de 40 %. Il ne s'agit donc plus d'une maladie masculine.
Quel symptômes chez les femmes ?
La broncho-pneumopathie chronique obstructive, plus communément appelée par son acronyme BPCO, est une maladie des poumons caractérisée par une obstruction lente et irréversible des voies aériennes. Ses symptômes ? Une toux persistante et un excès de sécrétions dans les voies respiratoires. Selon une étude clinique (VITALITE) menée entre 2009 et 2010, à tabagisme et sévérité de la BPCO égal, les symptômes sont plus importants chez la femme : plus de toux, plus de dyspnée, plus d'expectorations. L'étude fait également apparaître que les femmes ont une qualité de vie plus altérée que les hommes.
Néanmoins, comme nous l'expliquait le Dr Frédéric Le Guillou dans un précédent article, il arrive que les symptômes soient plus insidieux. "A la différence des hommes, les femmes ne crachent pas. Le plus souvent, elles toussent et sont essoufflées, mais ce n'est pas systématique. Parfois, fatigue et symptômes dépressifs sont même les seuls signes visibles de la pathologie !".
Le tabac, ennemi numéro 1
En France, dans la quasi-totalité des cas (85 %), même s'il existe un terrain génétique, c'est surtout le tabac qui est à l'origine de cette pathologie. Les femmes fumeuses doivent donc y penser. Selon une étude publiée en 2013 (cohorte milleminum), le pronostic des femmes fumeuses était diminué de 12 ans par rapport aux non fumeuses et le risque de survenue d'une BPCO chez ces femmes existait même si le tabagisme n'était "que" de 5 à 10 cigarettes par jour.
La pathologie apparaît plus rapidement chez les femmes
A facteur de risque égal, notamment au tabac, les femmes paraissent développer une BPCO plus rapidement que les hommes. Elles auraient en effet une sensibilité plus forte aux méfaits du tabac, se traduisant par une altération de la fonction respiratoire plus rapide. Son pronostic est aussi moins bon : les données épidémiologiques montrent que la mortalité liée à la BPCO chez les hommes est stable voire diminue, alors qu'elle est en hausse chez les femmes, en particulier en Australie, Autriche et Nouvelle-Zélande.
Les médecins n'y pensent pas toujours !
Le problème, c'est que cette pathologie a longtemps été associée à l'image d'un patient homme, gros fumeur, bedonnant et d'âge mûr. C'est ce qui explique que cette pathologie, déjà sous diagnostiquée (2 personnes sur 3 s'ignorent) le soit encore davantage chez les femmes. "Les médecins pensent davantage à un asthme et moins à une BPCO", observe Emilie Zard, jeune médecin généraliste dans un communiqué de presse diffusé par les sociétés savantes en pneumologie à l'occasion de la journée mondiale de la BPCO. "Quand elles se présentent en consultation, les femmes évoquent la fatigue, signe très fréquemment retrouvé chez les femmes atteintes de la BPCO, plutôt qu'un essoufflement. Lorsqu'elles toussent, ou qu'elles ont une plainte d'ordre respiratoire, le médecin généraliste pose plus souvent un diagnostic d'asthme plutôt que de BPCO", regrette-t-elle encore.
La mesure du souffle : simple et efficace
Pour dépister au plus tôt la BPCO (et donc bénéficier d'une prise en charge précoce), il est recommandé de faire mesurer son souffle régulièrement par un professionnel de santé formé (médecin traitant, médecin du travail, pneumologue). Ce test est simple, indolore et cela permet d'être fixé immédiatement. "Plus le diagnostic est précoce, plus la prise en charge –arrêt du tabac, mise en place d'une activité physique régulière, traitement des symptômes– est efficace."