L'Assemblée nationale s'oppose à un texte anti-psychanalyse
Une proposition de "résolution" qui mettait en cause l'efficacité de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme vient d'être rejetée par l'Assemblée nationale.
Daniel Fasquelle, député Les Républicains, a présenté jeudi à l'Assemblée nationale une proposition de "résolution" invitant le gouvernement à "condamner et interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes ses formes" dans la prise en charge de l'autisme. Elle a été rejetée par les députés. La secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, Ségolène Neuville, a regretté dans l'hémicycle que cette proposition ait "pour effet de raviver des tensions qui n'ont plus lieu d'être", selon l'AFP.
Signée par près d'une centaine de députés parmi lesquels Laurent Wauquiez, Bernard Debré, Bernard Accoyer, Nathalie Koscuisko-Morizet et Thomas Thevenoud, cette proposition de "résolution" n'avait pas la valeur contraignante d'une loi. Elle s'adressait en fait au gouvernement afin de l'encourager à une meilleure prise en charge des autistes. Dans l'exposé des motifs de cette démarche, les signataires affirmaient que 80% des enfants atteints du trouble du spectre autistique (TSA) sont exclus de l'école en milieu ordinaire, rapportait l'AFP. Par ailleurs, ils assuraient qu'"en 2014, 44% des personnes autistes étaient victimes de maltraitances, soit 250 000 sur les 600 000 que compte le pays". La Cour européenne des droits de l'Homme avait d'ailleurs condamné la France pour "manque d'accompagnement" des autistes en février 2015.
Renoncer à la psychanalyse. Seuls les thérapies et les programmes éducatifs pour autistes conformes aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) devraient être "autorisés et remboursés", selon le texte. Ces recommandations sont "d'importance vitale pour l'amélioration de la prise en charge de l'autisme". Le texte de résolution invitait ainsi le gouvernement à "ré-allouer en totalité les financements" aux "approches validées scientifiquement et ayant fait preuve de leur efficacité", mais aussi "à fermement condamner et interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes" non recommandées par la HAS. Ce n'est pas tout. Le texte recommandait également d'engager systématiquement la "responsabilité pénale des professionnels de santé qui s'opposent aux avancées scientifiques et commettent des erreurs médicales en matière d'autisme". Il préconisait par ailleurs au gouvernement d'amener la Fédération française de psychiatrie à reconnaître "sans aucune réserve et officiellement" les recommandations de la HAS. L'objectif ? "Renoncer au packing (enveloppement du patient dans des linges froids et humides), à la psychanalyse et à toutes les approches maltraitantes."
Une proposition "diffamatoire et calomnieuse". Les principales associations d'autisme telles que Agir et Vivre l'Autisme, Vaincre l'autisme, etc., appelaient à soutenir ce texte ainsi qu'une pétition publiée sur change.org. Mais les psys, eux, n'étaient pas du même avis. L'Inter-Associatif Européen de Psychanalyse criait en effet au "liberticide" et jugeait cette proposition "diffamatoire et calomnieuse". Pour ces psychanalystes, cette proposition aurait été "préjudiciable à la majorité des sujets autistes". De son côté, le collectif des 39 demandait le retrait des recommandations de la HAS et invitait à signer une autre pétition sur change.org. La Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant d'autisme (CIPPA) assurait quant à elle que la psychanalyse représente "un moyen irremplaçable pour atténuer la souffrance psychique" des autistes et qu'elle "ne peut être tenue responsable des dérivés maltraitantes", selon l'AFP. L'Union syndicale de la psychiatrie s'était aussi dite contre ce projet "funeste".