Un traitement de la DMLA beaucoup moins cher, enfin autorisé
L’Agence du médicament vient de confirmer l’efficacité de l’Avastin pour traiter la DMLA. Le traitement est 30 fois moins cher, que celui qui est actuellement proposé aux patients. Retour sur une procédure sans précédent.
Après deux ans de polémique, l’Agence du médicament donne son feu vert pour que l’Avastin puisse être prescrit légalement par les ophtalmologistes aux patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). L'autorisation temporaire d'utilisation (RTU) devrait être effective d’ici à juin.
La Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une maladie dégénérative de la rétine, dont l’évolution est chronique. C’est la première cause de malvoyance chez les personnes âgées dans les pays industrialisés. Deux produits sont indiqués pour traiter la DMLA, qui touche plus d’un million de personnes en France : Lucentis (Laboratoire Novartis) et Eylea (Laboratoire Bayer), en vente depuis 2013.
Mais le problème, c’est que les patients doivent débourser entre 800 et 900 euros pour bénéficier d’un de ces traitements. Le Lucentis, remboursé à 100%, est même devenu le premier poste de remboursement de l’Assurance maladie.
Imbroglio pharmaceutique. A côté de ce médicament très coûteux, il existe un "vieux" médicament indiqué dans le traitement contre le cancer, mais tout aussi performant que le Lucentis pour soigner la DMLA et aussi bien toléré par les patients : l’Avastin. Seule différence : son prix, 30 fois moins élevé. En réalité, le laboratoire Roche qui produit l’Avastin n’a curieusement jamais demandé d’autorisation de mise sur le marché de son médicament pour la DMLA. Face à cette incohérence, l’autorité de la concurrence italienne avait même infligé en 2014 une amende de près de 200 millions d’euros aux deux laboratoires pour "accord illicite". Roche et Novartis (son actionnaire) s’étant en quelque sorte partagés le marché. En juillet dernier, afin de mettre la pression au laboratoire, le député PS Gérard Bapt avait déposé un amendement, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, afin d’autoriser l’Avastin. Selon lui, cette autorisation devait permettre à la Sécurité sociale d’économiser 200 millions d’euros par an, au minimum.
En octobre dernier, l’Agence du médicament a demandé au laboratoire produisant l’Avastin, de fournir toutes les données scientifiques le concernant, en particulier sur le plan de la sécurité, de l’efficacité et des recherches en cours, afin d’évaluer l’utilisation de ce produit dans le cadre d’une éventuelle autorisation temporaire d’utilisation dans le traitement de la DMLA. "Ces essais ont montré l’efficacité d’Avastin dans le traitement de la DMLA néovasculaire et une non infériorité par rapport à Lucentis en termes d’efficacité fonctionnelle (acuité visuelle). Concernant sa tolérance générale, aucune différence significative n’a été démontrée entre Avastin et Lucentis, hormis la survenue d’effets gastro-intestinaux", relate l’Agence ce 24 mars, avant se prononcer favorablement à la mise sur le marché de l’Avastin pour traiter la DMLA.
Lire aussi : réponses aux questions des internautes sur la DMLA, par le Dr Gérard Mimoun, ophtalmologiste à Créteil.