Les végétariens et vegan plus à risque d'AVC

Les végétariens et les vegan auraient 20% de risque supplémentaire d'AVC par rapport aux mangeurs de viande, suggère une étude britannique. Probablement à cause d'une carence en vitamine B12 et d'un taux en bon cholestérol trop bas.

Les végétariens et vegan plus à risque d'AVC
© Olena Kachmar - 123RF

Que ce soit par goût, par conviction écologique, par respect de la cause animale, pour des raisons éthiques ou de santé, les régimes sans viandes ou sans protéines d'origine animale sont de plus en plus populaires. Pourtant, une étude* publiée le 4 septembre 2019 dans la revue médicale BMJ, suggère que les végétariens et les vegan auraient un risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) supérieur à 20% par rapport aux mangeurs de viande. Ce risque concerne en particulier l'AVC hémorragique, qui survient lorsque un vaisseau sanguin se rompt et provoque un saignement dans le cerveau.

En cause : un taux de cholestérol trop bas ?

Pour parvenir à ces conclusions, l'équipe de recherche a suivi plus de 48 000 personnes au Royaume-Uni âgées en moyenne de 45 ans, sans antécédent de maladies cardiaques ou d'AVC et divisées en trois groupes : les mangeurs de viande (24 428), les mangeurs de poisson ou "pescétariens" (7 506) et les végétaliens ou "vegan" (16 254). Les participants ont été suivis pendant 18 ans. Résultats :

  • 2 820 cas de maladie coronarienne et 1 072 cas d'accident vasculaire cérébral ont été comptabilisés au cours de l'étude.
  • Les végétariens présentaient un risque de maladie coronarienne amoindri de 22% par rapport aux personnes qui consommaient de la viande. Le risque de maladie coronarienne était 13% plus faible chez les mangeurs de poisson que chez les mangeurs de viande. Cela s'explique probablement par le fait que les végétariens et les pescétariens ont tendance à avoir un IMC plus faible, moins de cholestérol, moins de diabète et une moindre tension que les mangeurs de viande.
  • En revanche, les végétariens et les vegan présentaient un risque d'AVC augmenté de 20% par rapport aux mangeurs de viande. 

Les raisons de ce sur-risque ne sont pas clairement définies. Toutefois, il semblerait que les personnes ne mangeant pas (ou presque pas) de viande et d'aliments d'origine animale présentent un taux de bon cholestérol très bas (HDL) , ce qui pourrait être "associé à un risque légèrement plus élevé d'AVC hémorragique", explique Tammy Tong, auteure principale de l'étude et épidémiologiste en nutrition de l'Université d'Oxford. Par ailleurs, les personnes végétaliennes auraient généralement des carences en certains nutriments comme la vitamine B12, qui a la spécificité d'être présente uniquement dans les aliments d'origine animale, et cela pourrait également être lié à un risque plus élevé d'AVC.

Enfin, les personnes suivant un régime pescétarien (c'est-à-dire qui ne consommant pas de viande, mais mangeant des produits de la mer) n'avaient pas un risque d'AVC significativement plus élevé. Cela peut s'expliquer par le fait que leurs niveaux en cholestérol et en vitamine B12 n'est pas aussi bas que ceux des végétaliens. A savoir que la vitamine B12 est présente dans les poissons (en particulier dans les maquereaux, la truite, le thon, les sardines...), les fruits de mer et les mollusques comme les moules et les huîtres. 

Régime végétarien ou vegan : quelles précautions à prendre ?

"Cette étude suggère que l'adoption d'un régime végétarien pourrait ne pas être universellement bénéfique pour la santé de tous. En ce qui concerne la santé cardiovasculaire, le passage à un régime végétarien doit être envisagé parallèlement à des modifications supplémentaires du régime alimentaire et du mode de vie", recommande Stephen Burgess, chef de groupe à l'unité de biostatistique MRC de l'Université de Cambridge, qui n'a pas participé à l'étude. Pour éviter les carences :

  • Il faut veiller à ce que la dose de protéines consommée à chaque repas soit suffisante : "l'absence de protéines animales doit être compensée par un apport suffisant en protéines issues des œufs, des céréales, des légumineuses et des oléagineux", précise Catherine Conan, diététicienne dans notre article consacré au régime végétarien
  • Il est recommandé de manger à chaque repas des fruits ou légumes riches en vitamine C qui favorisent l'absorption du fer.
  • Il peut être intéressant de se supplémenter en vitamine B12, en fer et en zinc
  • Les régimes végétariens et végétaliens sont déconseillés aux enfants en raison des carences qu'ils peuvent provoquer. Les femmes enceintes doivent également faire preuve de prudence si elles adoptent ce mode alimentaire et demander conseil à un médecin. 
  • Le végétarien ne consomme aucune chair animale, donc pas de viande, de poisson ou de fruits de mer. En revanche, il peut consommer des produits d'origine animale comme le miel, les œufs ou le fromage. 
  • Le végétalien (aussi appelé vegan) ne consomme aucun produit d'origine animale, donc pas de viande, pas de poisson, pas de fruits de mer, pas de produits laitiers d'origine animale, pas de miel, pas d’œufs. Parfois, le vegan ne s'autorise pas de porter du cuir ou de la fourrure et n'utilise pas de cosmétiques testés sur des animaux. 
  • Le pescétarien ne mange pas de viande, mais accepte de manger du poisson ou des produits de la mer.
  • Le flexitarien adopte un régime alimentaire qui vise à réduire sa consommation de viande. 

Des résultats à confirmer

Les auteurs de l'étude ont précisé que des recherches supplémentaires étaient nécessaires et que ces résultats étaient basés sur une population européenne largement blanche, donc non représentative du monde. "Ces résultats ne sont pas forcément applicables à tous les végétariens du monde. Les participants venaient tous du Royaume-Uni, pays où les habitudes alimentaires et le mode de vie sont différents des pays à faible revenu ou intermédiaires. Et ce sont dans ces pays que vivent la plupart des végétariens dans le monde", ont expliqué les professeurs Mark Lawrence et Sarah McNaughton de l'Université Deakin en Australie dans un éditorial également publié dans le BMJ. 

* Source : Etude "Risks of ischaemic heart disease and stroke in meat eaters, fish eaters, and vegetarians over 18 years of follow-up: results from the prospective EPIC-Oxford study", publiée le 4 septembre 2019 dans The British Medical Journal